Extrait du journal
Voici ce que nous ont dit les tis seurs : — Le travail sur trois métiers est impos sible à cause: Ie De l'infériorité des ma tières ; 2° Des arrêts trop fréquents par suite d’une surveillance impossible à exer cer, arrêts causés par la casse, le « détis sage », les à-coups de la mécanique ; 3° De l'insuffisance de salaire pour le cassement de tête supplémentaire et le surcroît de tra vail. Nous ne nions pas qu’on ait travaillé jadis à Saint-Quentin sur trois métiers (on y faisait couramment des rosaces) mais les matières étaient supérieures ô ce qu’elles sont aujourd'hui, les tissus étaient moins larges, de sorte que certains bons tisseurs avaient même quatre métiers et les condui saient avec moins de peine qu’ils n’en con duiraient deux maintenant. Un ouvrier travaillant sur deux métiers 4/4 battant à 140 ou 150 coups à la minute, fait do 05 à 68,000 duites et gagne ses 4 francs.Un tisseur hors ligne peut atteindre 70,000. Tandis qu’avec trois métiers, on atteindra exceptionnellement 02,000 duites par métier, et si le déchet, occasionné par toutes les causes que nous avons dites, est de 8,000 duites seulement, avec le tarif qu’on nous propose, la différence de la journée nouvelle avec la journée ancienne ne sera que de quelques centimes. Ce n’est pas la peine. Or, comme nous croyons que les moyens tisseurs auront un déchet de 10 à 12,000 duites, le résultat probable des trois métiers sera plus de mal et moins de salaire. On a fait des essais, nous le savons, mais avec des métiers bien montés, bien appro visionnés, pourvus de matières de choix et coufiés à des maîtres tisseurs. Ce n’est pas un essai loyal. Nous défions qui que ce soit de faire 70,000 duites par jour à continuer pendant un trimestre sur chacun do ses trois métiers dans les conditions ordinaires de la fabrique saint-quenlinoise. Au bout de peu de temps, l’ouvrier qui faisait ses 07,000 duites par métier avec deux métiers, n’en fera même pas 57,000 par métier sur trois métiers. L’ouvrage sera de mauvaise qualité ; il y aura des malfaçons que les contre maîtres, à l’affût, exagéreront et finalement on arri vera à produire moins sur trois métiers que sur deux. On nous a opposé l’article du citoyen Jaurès qui dit que le progrès exige qu’on le suive, mais aux Etats-Unis si l’on travaille sur douze métier s et plus, ce ne sont ni les mêmes métiers, ni les mêmes articles. Ce que veulent les patrons c’est augmenter la production en diminuant le prix de vente au détriment des ouvriers. On a atteint aujourd’hui le summum de production dans un temps donné avec le minimum de salaire ; il est donc impossible d’aller au-delà. Enfin, on a dit qu’on travaillait à trois métiers dans les Vosges, à Tarare et ail leurs. Nous sommes renseignés par les Bourses du Travail, c’est faux. Quand on le fait, c’est qu’il s'agit fie petites largeurs, et do toiles, calicots et autres articles faciles. Ne nous parlez pas de plumetis, ni de jaconas sur trois métiers, c’est impossible. Donc, nous ne voulons ni ne pouvons. La cause est entendue. Nous allons passer maintenant du côté des patrons. Nous avons apporté à leur thèse la même attention qu’à celle des ouvriers et, comme nous ne cachons jamais ce que nous pensons,; nous la trouvons plus fortement étayée que l’autre. Elle s’appuie sur des nécessités et des faits ; elle est affirmative ; celle qu’on lui oppose est virement négative et, par conséquent nsufflsante. On voudra bien noter qu'il s’agit ici du point qui a amené la cessation du travail : les trois métiers. Restent les questions de la journée de dix heures et du « salaire nécessaire » qui ne sont pas en cause maintenant et que nous reprendrons quand on voudra et en nous basant sur des prin cipes supérieurs. 'Dans l’espèce pré sente il ne s’agit que de faits. Laissons la parole au Patron, être collectif comme était tout à l’heure l’Ouvrier tisseur. — Le problème des trois métiers est ré, -, - ans chez mm. Bas-...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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