Extrait du journal

Revue «le la Semaine. Le Journal des Débats , appréciant la séance do 21, dit : « Il y a eu deux parties bien distinctes dans le discours de 31. Thiers, l’une a été fort applaudie par la gauche, c'est assez dire que si M. Thiers y a montré , comme toujours, de l'esprit, de la vivacité, une facilité prodigieuse à s'égarer dans des digressions qui lui donnent l’air de savoir tou*., l’homme d’état a été obligé de faire de grands et tristes sacrifices a l’homme d opposition ; l’autre, où nous avons cru un moment avoir retrouve l’ancien ministère du 11 octobre. Avec quelle dédaigneuse ironie 31. Thiers n’a-t-il pas fait justice de ces diplomates de tribune qui semblent avoir dans leur poche des alliances toutes signées avec la Russie ou avec les souverains de l’Allemagne ! Avec quelle force de bon sens n’a-t-il pas montré que ces alliances nous imposeraient des sacrifices bien plus pénibles que l’alliance anglaise! avec quelle clarté n’a-t-il pas présenté en peu de mots les raisons décisives qui rapprochent na turellement la France de Juillet de l’Angleterre de x688! Voila la grande politique ! 31. Thiers l’a connue, il l’a pratiquée , nous di rons presque , il l’a exagérée. Comment est-il tombé dans la petite ? Ah ! c’est que 31. Thiers a besoin du concours de la gauche pour le succès de ses plans de stratégie parlementaire ; c’est que 31. Thiers est encore sous le poids de ses dernières fautes. Tantôt c est le ministère du Ier mars qui parle et qui ne pardonne pas a 31. Guizot d’avoir eu l’honneur de fermer si vite les plaies de 1840; tantôt c’est l’allié de l’opposition. Il faut bien faire du patriotisme et jouer l’indignation a propos de 1 indemnité Pritchard. Tantôt c’est l’homme qui ne peut encore être ministre, et 31. Thiers se souvient de ce fameux discours dans lequel il poussait la passion de l'alliance anglaise jusqu’à se resigner au sacrifice de notre puissance mari time. Avec sa dextérité merveilleuse , 31. Thiers mêle les idées les plus disparates; il parle de tout, afin de ne s’engager sur rien; il déplore, un peu tard, il est vrai, comme le lui a justement repro ché 31. Guizot, notre établissement dans les iles de l’Oceanie ; mais il ne propose pas 1 abandon. Que propose-t-il donc ? C’est son secret! Sur le 3Iaroc, 31. Thiers n’est pas plus explicite. Sans doute on a bien fait de ménager les susceptibilités de l’Angleterre et d’en tenir compte ! Le traité n'en est pas moins détestable. Fal lait-il exiger de l’empereur le paiement des frais de la guerre, ou bien une cession de territoire? C’est encore le secret de 31. Thiers. De digressions en digressions, de réticences en réticences, l’oratenr arrive au bout de son discours. Il a parlé, il a été applaudi par la gauche ; il a lancé force traits contre 31. Guizot. Demain les journaux de l’opposition lui feront un triomphe; son but est rempli pour le moment ! » Est-ce ainsi que 31. Guizot traite les questions? Nous en ap pelons à tous ceux qui ont assisté a la séance d’aujourd'hui. 31. Thiers , a dessein peut-être , avait élargi démesurément le champ de la discussion; 31. Guizot l’a limitée aux questions qui sont sou mises a l’examen de la chambre. Il n’a pas voulu épuiser en un jour toute sa force , toutes ses raisons, toute son éloquence. H sait qu’il aura plus d’un combat a livrer et que la coalition , qui a des ora teurs de rechange, ne serait pas fâchée de l’écraser sous le nom bre! Son discours d’aujourd’hui a été un admirable exposé des faits, admirable par la clarté, la précision , par le bon sens. Un grand pas est déjà fait, la chambre sait sur quoi elle a maintenant à discuter et à se prononcer ! Les interprétations les plus malveillantes ne peuvent rien chan-...