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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 27 octobre 1903

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
27 octobre 1903


Extrait du journal

Tous les fabricants regrettent l’ancien régime sucrier, et cela se conçoit. A en croire certains, l’industrie sucrière ne serait pas capable de survivre à la législalion de 1884. Ceux-là exagèrent évidem ment. Le fabricant dont je vais rapporter la conversation n’envisage pas ravenir avec autant de crainte. Sa manière de voir est celle de la majorité des fabri cants ; — Le fabricant de sucre, m’a-t-il dit, est presque un industriel à façon. Vous allez le comprendre quand je vous aurai expliqué conwaient il doit opérer s’il est prudent et s’il ne veut point risquer les hasards.de le spéculation. Les agriculteurs ne cultivant la bette rave qu’à la condition d’être assurés de vendre leur récolte à un prix suffisam ment rémunérateur, le fabricant est dans la nécessité de passer avec eux au mois de février ou mars, un peu avant les se mailles, des contrats pour leur garantir ün prix d’achat. Ce prix est basé sur le cours auquel on vend en Bourse les su cres livrables en décembre ou en janvier prochains, puisque c’est seulement vers cette époque que les betteraves seront récoltées et le sucre fabriqué. Mais pen dant les dix mois qui séparent les se mailles de la récolte et de la fabrication, le prix du sucre peut subir des varia tions : or, s’il baissait d’une façon très sensible, le fabricant éprouverait une perte parce que la matière première lui reviendrait trop chère relativement au prix auquel il pourra vqncjrq son sucre*. Pour se couvrir contre un accident de cette nature le fabricant doit donc, en môme temps qu’il fait ses marchés de betteraves, vendre par anticipation, sinon tout, du moins une bonne partie du sucre qu’il extraiera de,ces betteraves. Delà sorte il perd évidemment les profits d’une hausse possible, mais il est assuré, par contre, de ne pas perdre le juste bénéfice de la fabrication, de son travail. Si le fabricant n’est, comme je viens d’essayer de vous le démontrer, qu’un intermédiaire entre le consommateur ou le raffineur et le cultivateur, toutes les modifications apportées à la législation sucrière doivent être ressenties, surtout par le cultivateur qui, lui, produit la ma tière première. Or, c’est, en effet, ce qui arrive. La suppression des primes va ^tteinùre d’abord et principalement i&griculture. Vous savez en quoi consistaient les primes indirectes ? Elles étaient fournies par le Trésor sous la forme d’une remise accordée sur le droit à percevoir. Le fabricant réalisait, de ce chef, sur 1,000 kilog. de betteraves, un bénéfice de 10 fr. 50. Mais ce bénéfice, cette prime, si vous préférez, il la partageait avec le cul tivateur. Celui-ci obtenait ainsi jusqu’à 8 francs de surplus par tonne, ce qui pouvait en porter le prix total de 27 à 30 francs. Maintenant, le nouveau régime ayant supprimé les primes, on peut compter quela tonne de betteraves ne rapportera plus à son producteur que de 18 à 20 fr. Comme la production moyenne d’un hectare est de 30,000 kilos de betteraves, le cultivateur, dans ma région, n’obtien dra, au lieu de 9C0 francs, que 600 francs à l’hectare. Allez donc lui demander si, à ce prix-là, il peut s’en tirer! Bien qu’elle ne lui donne plus par ellemême un bénéfice, le cultivateur essayera E eut être de continuer la culture de la etterave, parce qu’elle a l'avantage d’être une préparation excellente à la culture du blé. Les épis venus dans un terrain que l’on avait ensemencé de betteraves l’année précédente sont très fournis en grains, parce qu’ils tirent profit de ce qui reste encore dans le sol, des engrais dont on s’est servi pour rendre la betterave très riche en saccharine Ce blé peut donner des bénéfices capables de com penser dans une certaine mesure la perle éprouvée sur la culture de la betterave. Mais il ne faudrait pas cependant que la betterave se vende trop bon marché parce qu’alors le cultivateur trouverait...

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Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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