Extrait du journal

BULLETIN POLITIQUE Moniélimar, 30 avril 1881. Toutes les trompettes de la Renommée opportuniste ont déjà appris à nos lecteurs que M. (lambctta avait prononcé un « grand discours » à la séance de clô ture du Congrès de la Ligue de l’enseignement. En dehors des organes dévoués à la fortune du maître, il y a parfait accord entre les journaux républicains et radicaux pour reconnaître que cette harangue est mé diocre et méritait l’accueil plus que froid dont elle a été l’objet au Troeadéro. La Lanterne, qu’on ne sau rait accuser de parti pris contre M. Gambetta, fait les réflexions suivantes : « Les irrévérencieux ne disent même pas, en parlant de ce discours : une harangue ; ils disent : une tartine. Le mot n’est pas très conve nable, mais il n’est pas tout à fait impropre. 11 rend avec assez d’exactitude l’impression produite sur le public par l’audition ou la lecture dudit discours. » Plus, en effet, on étudie ce discours, plus on acquiert la conviction qu’il ne s’y trouve rien d’original et de nouveau et que l’auteur, encore une fois, a parlé pour ne rien dire. Mais il est facile de voir percer à travers chaque mot la tactique électorale. On sent que l’ora teur a jugé préférable de demeurer dans l’équivoque, bien plus, de multiplier les contradictions, afin de faire croire aux naïfs, — dont le nombre est grand chez le peuple le plus spirituel de la terre, — qu’il est du parti de tout le monde, et, chose plus merveilleuse, qu’il appartient à plusieurs partis à la fois. Quant à donner un programme de gouvernement, il ne l’a point fait, parce qu’il ne pouvait pas ou ne voulait pas le faire. A propos de la protection accordée à la Ligue de l’enseignement, le Soleil fait très justement remarquer que le gouvernement ne paraît pas se piquer d’une grande impartialité en matière de liberté d’association....