Extrait du journal

LA SEMAINE POLITIQUE L'EXPLOSION D'UN CUIRASSÉ Le croiseur cuirassé e Liberté » a fait explosion, lundi matin, en rade de Toulon. 200 morts ou disparus ! Cent quarante bles sés ! Et l'on parlait de 4 à 500 dans le premier moment ! D'autres navires ont été atteints par les éclats du « Liberté », et ont subi de graves avaries, notamment le « République », qui restera en réparation pendant plusieurs mois. L’émotion causée en France par ce nouveau et immense malheur et inexprimable. La cause de l'explosion paraît être la déflagration spontanée des vieilles poudres d'exercice. LES NÉGOCIATIONS FRANCO-ALLEMANDES On a annoncé que l'accord était enfin conclu au sujet du Maroc entre les gouvernements français et allemand; mais en dernière heure, ce matin, il semble qu’on l'ait annoncé trop tôt. Les observations de la chancellerie de Berlin sur les derniers projets français, arrivés hier jeudi à Paris, comportent, en effet, des demandes nouvelles et maintiennent des réserves qui, dit une note officieuse, auront besoin d'étre sérieusement examinées. Restera ensuite la question des compensa tions territoriales au Congo. CONFLIT ENTRE LA TURQUIE ET L’ITALIE Ce conflit vient d'éclater soudainement et, tout de suite, est devenu très grave. On croit à la guerre. UN AUTOBUS DANS LA SEINE Un accident extraordinaire et terrible est arrivé, mercredi soir, à Paris. Un autobus contenant plus de vingt voyageurs s'est pré cipité dans la Seine Onze morts. LE SÉNATEUR AVIATEUR REYMOND M. Reymond, sénateur de la Loire, est passé hier jeudi sur Roanne et sur Le Coteau, venant de Nevers, en monoplan, et se dirigeant sur Bouthéon, où il a heureusement atterri à midi 50 minutes. Questions du Jour. Uuel malheur! Celui ci dépasse les bornes, lie tous lesmalheurs dont la France fut dans ces dernières années navrée et accablée, de tous les désastres qui ont frappé notre infortunée marine, celui ci est le plus grand, le plus effroyable. Quand, lundi ma tin, on est venu nous dire : « Savez vous la nou velle ? Un autre cuirassé a sauté à Toulon... Quatre à cinq cent morts...» nous en avons eu un serrement de cœur. — Encorel Est-ce possible? Cela est si douloureux qu'on éprouve depuis, comme de la colère à s’en entretenir. —Ah! ne m’en parlez pas ! c'est trop triste I éloigner ce cauchemar. Cecauçhemai^S^Tai : il est muit d’un coup lundi, à j l'aube, en rade de Toulon, plus de deux cents marins engloutis avec leur bateau, le Liberté. Le Liberté, comme Yhna, a fait explosion. Les pou dres ont pris feu dans ses soûles. Tout a sauté l C’est affreux. Maintenant, comme pour Yléna, on va faire des enquêtes, des enquêtes... C'est ridicule. C’est même atroce. Car on ose le dire — on ose à peine y penser — il se pourrait qu'une main criminelle. . Allons doncl — Vous vous révoltez ? Ecoutez, je vous prie, ce qu'on dit, et non pas chez les réactionnaires toujours prêts à voir le pire. Les Débats, avec une grave indignation, écrivent : « Si celte nouvelle catastrophe, succédant à tant d'autres dont le port de Toulon a été le théâtre, est due à un terrible hasard, nous serons bien obligés de la subir comme un de ces coups du sort qui rappellent brutalement à l’homme parfois enivré de sa puissance que ses œuvres sont périssables et que lui même est mortel Mais c'est une des tristesses et des hontes de notre civilisation que l'idée de la malveillance vienne aujourd’hui naturellement à l'esprit en présence de pareils accidents. Il existe en effet des hommes qui prêchent hautement la destruction de nos organes défensifs, et qui considèrent comme un acte de propagande en faveur des théories huma nitaires les plus monstrueuses hécatombes d’êtres...