Extrait du journal

Questions du Jour. Autour dune émeute. Après les émeutes de la Champagne, les jacqueries ménagères du Nord viennent nous rappeler qu’au siècle des aéroplanes et de la télégraphie sans lit. le je ue sais quoi de féroce et stupide qui est au co ur des hommes et des femmes — survit à tous 1rs « progrès de la science »... L’histoire des « régimes déchus » n’oflre rien de pire que les exploits dévastateurs de ces bandes de pillards et d'incendiaires qui, sous prétexte de faire diminuer le prix des denrées, commencent par les détruire. Et l’on parle de l’éducation des masses, et l’on nous assure que la démocratie devient de plus en plus consciente et éclairée 1 Heureusement. I.a vérité est que ces explosions, de plus en plus fréquentes, de démence et d’anarchie, sont les fruits naturels et fatals de l’éducation donnée au peuple par les maîtres actuels. Nous n’enten dons pas seulement par là ceux qui enseignent dans les écoles ollicielles. mais encore tous ceux qui, par la plume, par le discours, par l’exemple, contribuent à former l’esprit des nouvelles gêné rations. Or, il y a clirz tous, comme une conspiration à démoraliser Us masses en libérant les pires instincts, en détruisant des disciplines traditionnelles, en défigurant les notions du juste et de l'injuste et jusqu’aux données du simple bon sens. Ce ne sont que flagorneries et surenchères démagogiques. Savamment, mélho diquement on cultive la bète humaine, on excite ses appétits et on lui persuade que toutes ses fureurs sont légitimes et doivent rester impunies. Faut il s’étonner qu’à la lin elle veuille essayer ses forces ? Nous ne prétendons pas, d’ailleurs, que les désordres du Nord n’aient eu pour origine une excessive cherté de vivres. La crise est trop réelle, hélas, et nous sommes payés ici pour le savoir. Mais ce ne sont pas les sabotages et les incendies qui peuvent y remédier. Ces gestes de sauvagerie ne peuvent qu’ajouter les horreurs de la guerre civile aux soûl!rances de la disette. parmi les causes d’eneliérissement, il en est une que les ménagères du Nord et d’ailleurs devraient mieux connaître afin de la combattre utilement. C’est la mauvaise politique. Eh oui, la politique, c’est à dire les détestables pratiques et les mauvaises lois du régime actuel. Il y a d’abord, comme dit le clairvoyant .lunius, le gaspillage, la dilapidation des finances publiques, la montée incessante des dépenses qui oblige l’Etat à augmenter les impôts ; il y a les lois sociales qui, en surchargeant le patron, l'obligent à surélever tes prix de vente; il y a les grèves incessantes qui aboutissent fatalement aux mêmes effets. Il ne faut pas croire que l'augmen tation de salaires arrachée par la grève soit une satisfaction gratuite. Elle a sa répercussion immédiate dans l’augmentation des prix. Tout est solidaire dans la vie économique. L’ouvrier qui a gagné cinq sous par jour, par exemple, dans une grève, les perd immédiatement dans l'élévation correspondante du prix dont il doit payer ses objets de consommation....