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Journal de Roanne, 12 mai 1892

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Journal de Roanne
12 mai 1892


Extrait du journal

Le 1er mai s’est passé d’une façon très géné ralement tranquille. Nous en avons déjà rendu grâces aux dieux. Mais les inquiétudes du public persistent, malgré la paix de ce grand jour. Il y a toujours de la peur dans l’air. Un trouble étrange et profond continue de régner dans les esprits, et les plus imperturbables se demandent combien de temps se prolongera une situation qui oblige tous les citoyens à se tenir sur leurs gardes. Il est douloureux de constater, avec notre excellent et spirituel confrère, M. Hector Fessard, que les contribuables payent quatre milliards d’impôts pour être moins en sûreté dans leurs maisons que dans les carriè res d’Amérique. Ce n’est un mystère pour per sonne, affirme M. Pessard, que le manque d’argent a été la cause principale de l’impuis sance de la police à surveiller les progrès de l’abominable secte qui a jeté la terreur dans la population. Assurément, depuis cinq ou six ans, les besoins de la politique, la lutte contre le boulangisme, les largesses électorales ont dé tourné de leur légitime destination la plus grande partie des fonds secrets. « El qu’on nous entende bien, déclare notre confrère. Nous ne voulons en aucune façon mettre en doute la stricte probité des ministres qui se sont succédé à l’intérieur. Ils ont dé pensé l’argent qui leur était confié avec la ferme conviction qu’ils en faisaient l’emploi le plus utile au bien de la république et à celui de l'Etat. Seulement, au lieu de regarder, dans les bas-fonds de la société, quelle redoutable fermentation s’y produisait, réclamant de promptes mesures de voirie et d’assainissement, ils ont cru qu’il suffirait de satisfaire les politi ciens, de se présenter devant le Parlement avec une bonne presse, de désarmer certaines hosti lités pour assurer la paix publique. « Au lieu de cinquante mille francs par mois qu’il était d’usage de faire payer par le caissier du ministère de l’intérieur au caissier de la préfecture de police, on s’est contenté de remettre d’abord trente mille, puis vingt mille francs au préfet. On a vu, chose exorbitante, des commissaires de police être obligés de faire des avances relativement considérables à...

À propos

Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.

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