Extrait du journal

j ~faire entendre que phts vivement encore les. légitimes plaintes de l’industrie et demander au gouvernement la prompte exécution de tous les travaux nécessaires à cette voie de transport, pour la concurrence possible au monopole des grandes compagnies de chemins de fer. Pont sur la digue de Pinay. Le projet des travaux de défense de H ville de Roanne contre les inondations comprend le reconstruc tion du digueron de Pinay qui aura pour effet de ré duire la largeur de la Loire de 20 mètres. Depuis l’époque romaine jusqu’à la fin du règne de Louis XIV, il a existé à cet endroit un pont couvert emporte et rebâti. Les populations des cantons voisins n’ont jrmais per du le désir de le voir reconstruire. L’enquête relative à la réparation de la digue a ranimé toutes leurs espé rances, entretenues d’ailleurs par l’établissement du che min vicinal d’intérêt collectif n° 38 de Champoly à Neulise, dans le voisinage de l’ancien passage. Dans une autre partie de. son cours, la Loire ne peut être traversée plus facilement et à moins de frais qu’à la digue de Pinay. 11 suffit d’établir une estacade en bois élevée à trois mètres au-dessus du couronnement de cet ouvrage pour assurer en tout temps la commu nication même pendant les plus grandes crues, alors que d’Andrézieux à Roanne tout moyen de correspon dance est supprimé entre les deux rives de ce fleuve. La dépense est évaluée à 30,000 francs. On doit compter que l’Etat se chargera de la totalité de cette dépense, en effet il existe, de sa part un enga-' gement bien ancien auquel le principe de la prescrip tion ne saurait s’appliquer ; il est probable que si, à la fin du règne de Louis XIV, lorsque la digue a été cons truite, l'ancien pont n’a pas été rétabli en même temps, les malheurs publics qui ont accablé la France en ont été seuls la cause. L’intention du roi était de refaire le pont, cela est attesté par le projet qui existe encore aux archives impériales et sur les pierres qu’on voit sur les rampes de la digue. Depuis cette époque, les riverains ont subi toutes les servitudes résultant de l’établissement de la digue, re foulement “t invasion des eaux dans tes cultures, inter diction de bâtir, etc., sans avoir reçu de l’Etat aucune indemnité. Le rétablissement du pont ne serait qu’un faible dédommagement pour tant d’inconvénients subis jusqu’à ce jour, sans aucune compensation. • D’ailleurs, Pinay va devenir, par l’établissement d’nn poste de garde spécial, un point très-important de la pêche fluviale ; c’est un des passages les plus dangereux du cours de la Loire, et il est impossible de secourir les mariniers victimes des accidents qui s’y produisent en abordant la rive gauche. Trois cantons riverains sont particulièrement inter ceptés; ils représentent ensemble une population de 40,000 habitants au moins, dont les communications souffrent sensiblement de l’état actuel des communi cations. Les travaux que l'Etat va faire exécuter offrent donc une occasion tellement favorable de leur donner satis faction, qu’il ne semble pas possible d’en souhaiter une meilleure. Le conseil général considérant que la création d’un pont sur la digue de Pinay est d’une nécessité incon testable et l’unique moyen d’établir le passage du che min d’intérêt commun nu 38, qui met en communica tion les cantons de l’une et de l’autre rive du fleuve ; Que la construction de la digue permet cette création à peu de frais, et que le gouvernement acceptera, il faut l’espérer, d’en payer la dépense, Prie M. le préfet de taire étudier le plus promptement possible la création d’un pont sur la digue de Pinay, et Tout à coup Marthe se redressa ; son visage rayon nait. Une idée, une lueur d’espoir venait de surgir dans sa tête. — J’aurai sa grâce ! s’écria-t-elle ; Franz vous sera rendu, mère ! — Que veux-tu dire ? — Je vais aller au château ; je verrai Mademoiselle Thérèse et lui parlerai de vous. Elle a à peu près mon âge, mes pleurs l’attendriront et elle aura pitié de nous. L'aveugle secoua tristement la tête. — Le cœur de la fille ne doit pas être meilleur que celui du père, dit-elle. — Espérons, mère, reprit Marthe. Quelque chose me dit que je réussirai. — Que le ciel le veuille et qu’il te protège, chère enfant ! — Marthe s’enveloppa dans un châle de laine, se coiffa d’un bonnet de velours noir et sortit. Mlle Thérèse pouvait avoir une année de moins que Marthe, ses cheveux avaient la couleur de ceux de son père. Son front était bas, et ses yeux petits et louches, ce qui leur donnait une expression méchante. Elle ne riait jamais de bon cœur ; parfois, seulement, un sourire qui ressemblait à une grimace, écartait ses deux lèvres en les ridant, pour laisser voir deux rangées de dents larges et jaunâtres. Telle était, avec beaucoup d’orgueil, beaucoup de vanité et un caractère bizarre etcapi'ic.ieux, la noble demoiselle Thérèse de Vilfred, châtelaine de Wessenberg. Elle changeait cinq à six fois de toilette dans une journée, passait plusieurs heures à s’admirer dans une glace, et le reste de son temps à maltraiter ceux qui la servaient. Elle n’aimait ni la lecture ni le travail ; la paresse était son idole. Nonchalamment étendue dans un moelleux fauteuil, elle caressait de la main le dos d’un petit épagneul blanc qui sommeillait sur ses genoux. Une femme de chambre entra dans l’appartement. L’épagneul dressa les oreilles et gronda sourde ment. — Mademoiselle, c’est une jeune fille du village qui demande à vous parler, dit la femme de cham bre. — Une paysanne ! fit Thérèse avec mépris sans chan ger de position. — Puis-je l’introduire, mademoiselle ? — Non ; je ne me dérange pas pour si peu....