Extrait du journal
se glissa hors de la chambre pour ne pas l’éveiller. Herbert l’inquiétait. Elle lui avait trouvé l’air farouche. Reprenait-il courage? Et, désirant re lever son courage par des paroles très affectueuses, elle pénétra ch<-z son mari. Assis, ou plutôt affaissé sur le divan, Herbert, la tête basse, les mains crispées sur ses genoux, paraissait anéanti. Elle prit une de ses mains ; il ne fit pas un mouvement. Alors, bas à l’oreille, d’une voix douce et aimante : — Reprenez courage. Moi aussi je souffre cruellement, quand je songe que c’est par moi que cette déception vous arrive. Pardonnez-moi, je vous en prie. Si mon amour peut vous donner quelque joie, croyez bien que je vous aime tou jours, que malheureux, je vous aimerai encore davantage. Tout mon dévouement essaiera de vous rendre l’existence plus facile. Herbert, mon ami, m’entendez vous ? Il restait là, silencieux et morne, les sourcils froncés. Elle continua, tentant un nouvel effort pour l’arrachfr à ce mutisme, qui lui faisait peur : — Je vous en supplie, dites-moi une parole; dites que, près de moi qui vous aime tant, une vie simple et sans luxe ne vous paraîtra pas désespérée. Eile s’arrêta soudain, car elle tut des choses effrayantes dans les yeux troublés qui s’attachaient sur les siens. Elle y vit cette dureté du métal que donne l’amour de l’argent, et cette exaspération qui suit la perte d’un trésor convoité; elle vit que sa voix, qui voulait être consolante, exaspérait. Que cette prunelle, à demi-hagarde, exprimait bien le néant de toute tendresse, et même une chose terrible : un sentiment de répulsion, qui était bien près de s’appeler la haine. Madeleine souffrait horriblement; et, pourtant, elle excusait ce malheureux, pour lequel toute une espérance de fortune venait de s’écrouler. Que serait l’avenir pour cet homme habitué à l’opulence ? Comment vivrait-il, sans cesse harcelé par ses créanciers ? Et la jeune femme, qui avait prévu cette ruine, qui avait conjuré son mari de restreindre le grand luxe de sa maison, s’humiliaitcomme une coupable....
À propos
Fondé en 1861 à Roanne sous le nom de Nouvel Écho de la Loire, l'hebdomadaire devient en 1864 le Journal de Roanne et revendique une ligne éditoriale « régional et patriote ». Toutefois, le journal collabore avec les Allemands sous l’Occupation et est en conséquence supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - herbert
- guillemard
- boulanger
- robert guillemard
- jolibois
- her
- paul duplessis
- shakespeare
- duplessis
- nelson
- france
- paris
- roanne
- vincennes
- allemagne
- angleterre
- italie
- murat
- vernet
- aboukir
- la république
- académie de médecine
- conseil général
- ecole
- ecole polytechnique