Extrait du journal
L’Assemblée n’en donna pas moins raison au gouvernement; elle repoussa, à la séance du 25 mars, par 388 voix contre 290, les conclusions de la commission, à fin d’élections immédiates, et vola la prorogation des conseils municipaux jusqu'au 1er jan vier 1875. PROPOSITION DAHïREL. L’Assemblée allait se séparer, pour les congés de Pâques, lors que, le 27 mars, un député de l’extrême droite, M. Dahirel, la saisit inopinément d'une proposition ayant pour but de faire ré soudre, par l’Assemblée, aussitôt son retour, la question de la forme du gouvernement. XI. Dahirel demandait l’urgence. Je la votai, avec presque toute la gauche : car il fallait en finir avec ce provisoire qui énerve le pays. L’occasion nous en était offerte ; pourquoi la repousser? Il y eut cependant un certain nombre de députés de l’extrême gauche et du centre gauche qui ne crurent pas devoir se rallier à la proposition. Us votèrent contre ou s’abs tinrent. Grâce à ce dissentiment, l'urgence fut repoussée par 327 voix contre 242, 11 n'en était pas moins démontré que l’extrême droite était devenue hostile au ministère, et que, si la gauche vo tait avec ensemble, elle avait, avec l’extrême droite, la majorité contre lui. C’est ce qui devait se produire à la rentrée des vacances de Pâques. ADMISSION DES PRINCES D'ORLÉANS DANS L'ARMÉE ET DANS LA MARINE. Mais, le 28 mars, avant de prendre ses vacances, l’Assemblée tint à admettre d'urgence, à titre définitif, certains membres delà famille d'Orléans, comme officiers dans l'armée et dans la marine. Nous votâmes contre celte faveur, qui ne nous paraissait pas jus tifiée. Nous ne fûmes que 233 contre 2VJ à nous y opposer. INTERPRÉTATIONS DIVERSES DE LA LOI DE PROROGATION. Pendant les vacances de Pâques, le désaccord entre l’extrême droite et le ministère s’aggrava. L’interprétation à donner à la loi de prorogation du 20 novembre en était la cause. La loi du 20 no vembre était le triomphe de l’équivoque; il n’est pas étonnant qu'aussitôt que la majorité s’est demandé quelle en devait être la véritable portée, chacun ait résolu ce point à sa façon et en sens différent. Pour ceux des républicains qui l'ont votée, la loi du 20 novembre consacre la République pour sept ans au moins. D’ici à sept ans, on ne peut établir aucune autre forme de gouvernement, et on peut, au contraire, rendre la République définitive, spécialement lcrs et à l’occasion du vote des lois constitutionnelles. Pour les orléanistes et les bonapartistes, dont les prétendants ne sont pas prêts, la loi du 20 novembre a établi un nouveau sys tème de gouvernement, inconnu jusqu’ici, qui n’est ni la royauté, ni l’Empire, ni la République, quoiqu’il porte provisoirement ce dernier nom. Un l’organisera tant bien que mal, pour sept ans. Pendant ces sept années, toutes les formes de gouvernement pour ront êlre discutées et prônées, aucune ne pourra être constituée. Si, d'ici à sept ans, le maréchal de Mac-Mahon venait à manquer, pour quelque cause que ce fut, on le remplacerait par un autre Président de la République ayant les mêmes prérogatives. C'est celle combinaison qu’on a appelée le septennat impersonnel. La droite dite modérée se rattache au môme point de vue, avec cette nuance que, si le maréchal de Mac-Mahon vient à manquer, le septennat prend tin avec lui. C'est ce qu'on appelle le septennat personnel. | Enfin, pour l'extrême droite, la loi du 20 novembreaété faite dans le but unique d’cmpôcher l’établissement de la République, en at- j tendant le moment opportun de restaurer la royauté. Ce moment I venu, les députés de l’extrême droite estiment que l’Assemblée a ! tout pouvoir d'appeler Henri V au trône de ses pères. Quant nu | maréchal de Mac-Mahon, ils n’hésitent pas à penser qu'il donne- ' rail alors sa démission pour faire place au roi. Ils affirment que les ministres, pour les engager à voter la loi du 20novembre, leur ont donné l'assurance, à ce moment, que c’est ainsi qu’elle serait ap pliquée. Les ministres le nient. Il est probable, qu’en effet, ils n’ont point pris d’engagements formels, mais ont fait des pro messes vagues, et qu’il y a eu, des deux côtés, un malentendu. A quoi sert-il donc que la langue française soit la plus claire de toutes, si c’est là l’usage qu’on en fait? Et, pourtant, aux yeux îles amis de M. le duc de Broglie, la loi du 20 novembre est un chef-d’œuvre d’habileté de sa part. Un chef-d'œuvre d’habileté, que d'être arrivé à une rédaction et à des explications qui ne disent rien ou qui disent tout, au gré des désirs de chacun. CHUTE DU MINISTÈRE DE DROGLIE. M. de Broglie s’efforçait bien de prolonger le plus longtemps possible cette situation. Mais le pays en était las depuis longtemps. L’Assemblée elle-même s’impatientait. Enfin, le Président de la République tenait à ce que ses pouvoirs fussent définis, et il avait raison. 11 insistait sans cesse pour que la Commission des lois constitutionnelles hâtât ses travaux. Cette commission continuait à être tiraillée en sens divers par les idées contradictoires de ses i membres ; elle agitait pour ainsi dire au hasard, et au milieu d’une inexprimable confusion, toutes les questions constitutionnelles, sans avancer dans l’accomplissement de la mission qui lui était confiée. Elle avait fini, cependant, par adopter un projet de loi électorale, en 94 articles, où le suffrage universel était fort mal traité. Force était donc à M. de Broglie de se prononcer. 11 demanda à VAssembléed’organiser le septennat impersonnel on, tout nu moins, le septennat personnel. A cet effet, il déposa, le 15 mai, un projet de loi sur une seconde Chambre qu’il qualifiait de Grand-Conseil. Il donnait à ce Grand-Conseil, au préjudice de l’Assemblée natio nale, une importance et une influence prépondérantes. Mais il le mettait en même temps sous la dépendance du chef du pouvoir...
À propos
Fondé en 1833 sous le nom Journal du commerce de l’arrondissement de Meaux, cet hebdomadaire républicain et conservateur devient le Journal de Meaux après seize numéros. Il prend finalement le nom de Journal de Seine-et-Marne en 1838 avant de disparaître cent ans plus tard, en 1939.
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