Extrait du journal

! liberté ou plutôt cette licence du chien a fini par j lui être funeste. Rencontré, vaguant seul à plus d’un kilomètre de Claye, par un garde particulier, | celui-ci sans le connaître ou le reconnaître, crut à tort ou à raison, remarquer en lui quelque chose de suspect : il lui tira un coup de fusil et le tua. Mais quand l’identité fut reconnue, quand la noa| velle en vint au maître du chien, grosse affaire pour le garde malavisé ! Plainte et procès en justice de paix. La loi Grammont, excellente loi s’il en fut, qui a un double but, de protéger les animaux contre j les brutalités de certains hommes, et de moraliser ! certains hommes, en leur apprenant qu’il ne faut | pas brutaliser les animaux, la loi Grammont, disons; nous, fut appliquée au pauvre homme, et le maxiI inum de la peine lui fut donné : prison et amende. | De tout quoi il appelait l’autre jour, à grand ren fort de témoins. Or, à Aleaux, la thèse a changé. Des dépositions peu (laiteuses pour la mémoire du chien ont pesé dans l’un des plateaux de la balance. — C’était un chien de fort mauvaise renommée, a dit un témoin. — Toutes les fois que je l’apercevais dans un chemin, je me hâtais de prendre un détour à travers la plaine, a dit un autre. — Ce chien m’a mordu le mollet, dit un troisième. — Une honnête et paisible rentière dépose que le chien s’est jeté sur elle un jour dans la rue, et qu’alors qu’elle s’en plaignait au propriétaire, celui-ci n’en fit que rire, cl pourtant elle exhibe un châle déchiré en cette circonstance par le malencontreux Terre-neuve. D’un autre part, le garde est un homme recom mandable, muni d'excellents certificats signés de noms respectables entre les plus respectables du pays. Al” Boisson a présenté quelques observations en sa faveur, et a demandé que le tribunal lui épar gnât au moins la prison. Le tribunal a fait plus; et infirmant complètement le jugement de simple police, il a renvoyé le pré venu acquitté, à la visible satisfaction des témoins qu’il a délivrés de leur cauchemar de chien. A. C°. LA BOULANGERIE* SCIPION A PARIS Le nouveau procédé de panification de M. AlègeMouries. I Une découverte récente dans l’art de la fabricai lion du pain, dûe à un ancien pharmacien de j Paris, Al. Alège-Mouriès, découverte qui a déjà eu ! un assez grand retentissement dans le monde saj vaut, et dont l’exploitation commerciale ne se fera pas longtemps attendre, vient d’être expérimentée avec succès à la boulangerie centrale des hôpitaux et hospices civils de Paris. Frappé des résultats de ces expériences et de la grandeur de leurs consé quences, puisquelies auraient pour effet d’améliorer la qualité et de réduire le prix du pain, cet ali— j ment essentiel du pauvre, celte base fondamentale de la nourriture des peuples civilisés, nous avons voulu connaître et étudier sur les lieux même, le | nouveau procédé de panification, et nous espérons que nos lecteurs prendront quelque intérêt au récit de notre excursion quasi-scientifique. * La boulangerie municipale, où nous allons les conduire, est située dans le quartier St-Marcel, derrière le Jardin des Plantes, dans un vieil hôtel de la Renaissance nommé Scipion, en souvenir du gentilhomme italien Scipion Sardini qui le fit cons truire, sous le règne de Henri III. Cette ancienne demeure aristocratique et qui en conserve encore quelques vestiges dans les sculptures de ses mu railles, achetée dès 1622 par l’hôpital général de Paris, et devenue plus tard la propriété de la ville elle-même, a été définitivement transformée en une vaste usine, consacrée à la fabrication des farines et du pain employés, distribués et vendus à prix ré duit par l’administration de l'assistance publique du département de la Seine. Le système de mouture y comprend dix paires de meules à l’anglaise, dont huit ordinaires et deux oscillantes, mues toutes les dix par une machine à vapeur de la force de AO chevaux. Grâce à la par faite exécution de cet appareil, on est parvenu à obtenir, sur un poids donné de blé, 75 pour 0/0 de farine blanche, tandis que la farine ordinaire du pain blanc n’est guère blutée qu’à 65 ou 70 p. 0/0. Quant à la boulangerie, elle possède sept fours et huit pétrins mécaniques, mus par une petite ma chine de la force de huit chevaux. En résumé, la double usine de Scipion, dont la clientèle composée de celle nombreuse population flottante, secourue temporairement par la ville de Paris, s’élève par an, a plus de 200,000 individus, malades, infirmes ou indigens ; compte un person nel total de 60 ouvriers, et moud par jour 200 à 250 hectolitres de froment, qui lui fournissent 80 à 90 sacs de farine et 17 à 18,000 kilos de pain. Un établissement si considérable et disposant de si puissants moyens d’action, devait naturellement...