Extrait du journal
> A l'extrémité de la kasbah, du côté de la mer, est le pa i lais du Sultan dans une enceinte particulière qui renferme une mosquée, une très vaste cour et plusieurs bâiimens do service. Le palais et la mosquée n'ont rien de remarquable i en fait d'architecture. Cette enceinte n'est qu'une muraille sans embrasures ; elle est protégée sur son flanc par les i fortes batteries du rempart de la kasbah, et sur sa face par ■ la grande batterie du débarcadère. La forme générale de la ville étant celle d'un triangle dont le sommet est au nord-est, et dont la base regarde la mer, on peut considérer comme appliqués à cette base la kasbah , le palais, la placo des courses et l'enceinte de l'Emsala. Toutes ces parties sont sur l'extrémité de la presqu'île où la ville est assise, le palais étant la partie de la kasbab la plus rapprochée de la mer. Traversant de" ncuveau la petite plage intérieure où nous revenons après avoir parcouru la ville et ses remparts, nous avons à dé crire le débarcadère situé à la pointe la plus avancée de la presqu'île, au sud-ouest de la cité. Les canots débarquent les marchandises sur une plage extérieure , entre des ro chers et au pied des remparts. C'est là que s'élèvent les fortifications les plus solides et les mieux armées, car c'est là le seul côté abordable et le véritable point d'attaque par mer. La défense consiste en un rempart de bonne maçonnerie, très épais ) flanqué d'un autre en retour et portant Si pièces de canon. La par tie de la batterie de face qui joint la batterie du flanc construite sur trois grandes arches, pour livrer passage à la marée montante, qui, sans ce dégagement qui lui est ouvert, menacerait de démolir cette construction, malgré sa solidité. Ce bel ouvrage fait honneur au Génois Mon tano à qui on l'attribue ; il offre complètement l'aspect d'une fortification européenne. La marée qui passe par dessous va inonder la petite plage située en arrière. Dans un coin de cette plage, sur un terrain qui se relève, sont les magasins de la marine et de la douane, adossés inté rieurement au rempart. Du même côté, à l'extrémité du rempart, à l'est, s'élève une tour armée de 4 canons. A portée de fusil de la grande batterie, vers l'ouest, s'élève en mer, sur un roc isolé, un autre fort armé de 12 pièces. En avant et sur les côtés de cette pointe si bien fortifiée , la mer est toute hérissée de rocs épars qui régnent aussi devant le front du nord-ouest et de la kasbab. En dehors de la pointe, l'Océan ne cesse de battre les rochers et la plage avec une violence qui ressemble toujours à la tem pête. D'après cette énumération des batteries, on voit que dans l'attaque du 15 août les vaisseaux français ont en à subir le feu de 120 à 130 canons, sans compter ceux des batteries de l'île, dont nous allons parler. La canonnade a duré cinq heures et demie avant qu'on ait pu éteindre les feux de la place en démolissant ses embrasures et dé montant ses pièces. L'artillerie de Mogador est fort belle et presque toute en bronze. La grande batterie du débarca dère est surtout parfaitement armée. Il y a quelques mor tiers ; on y remarque aussi plusieurs grands obusiers de 8 pouces, les seuls peut-être qui existent au Maroc. On parle aussi d'un magnifique canon de bronze, dont l'affût, coulé en fonte, représente un énorme lion. Le grand défaut des fortifications de Mogador, du côté do la pointe de mer, c'est qu'une fois le débarcadère démoli et pris , la ville reste absolument sans défense. Ou se trouve aussitôt sur la petite plage, et l'on a devant spi la muraille de la kasbah ou plutôt du palais. Cette muraille n'étant pas terrassée, ne porte pas d'artillerie, elle n'est flanquée par aucun ouvrage, et quelques coups de canon y auraient bientôt fait brèche. Aussi avons-nous vu qu'après la des truction des fortes batteries de la marine, le prince do Joinville pouvait s'établir dans la ville de Mogador s'il l'avait voulu. Un îlot d'un quart de lieue de long et d'une largeur do 600 mètres forme le port, à 1,200 mètres au sud-ouest du débarcadère. L'îlot n'est pas devant la ville, mais beaucoup au-dessous, et sa pointe seule lui fait face. Les grandes batteries du débarcadère portent en plein sur l'île et sur son port. Le mouillage se prend entre le continent et l'îlot sur une profondeur de 10 à 12 pieds, trop faible pour d'autres bâtimeos que des bricks : ce défaut exclut Moga dor du rang de position militaire maritime. Le canal du nord, entre la pointe de l'île et celle de Mogador, offre seul un fond de trente pieds ; c'est là que peuvent mouiller les vaisseaux de ligne, à l'abri des vents du nord et de l'est, mais exposés à tous les autres. Les vents dominans sur cette côte étant ceux du nord est, on arrive au mouillage de l'île par le canal du nord, et l'on en sort par celui du sud. Mais ce dernier n'a pas la profondeur de l'autre; on n'y trouve que douze pieds d'eau, comme dans le port. Ainsi les vaisseaux de guerre et les frégates peuvent bien stationner dans le canal du nord , mais non pas traverser le port pour ressortir par la passe' du sud. La tradition du pays porte quô cette dernière passe était autrefois réunie au continent par une plage qui a été démolie et creusée à la longue par les efforts de l'Océan. La côte du continent, en face de l'île, offre un rentrant en forme de rade ; on y trouve une plus grande profondeur vis-à-vis la passe; mais les bâtiniens n'y étant plus cou verts par l'îlot, sont exposés aux lames de la haute mer et à la Violence des vents d'ouest, avec le pi us grand danger d'être jetés à la côte. Quand le vent souffle du sud-oue'st, la disposition des lieux fait qu'on ne se trouve nulle part à...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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