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Journal des débats politiques et littéraires, 3 juin 1838

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2.11.4

Journal des débats politiques et littéraires
3 juin 1838


Extrait du journal

d'aujourd'hui à la Chambre des Députés. La Chambre avait à voter sur le projet de loi tendant à accorder une pension de 100,000 fr. à Mmo la comtesse de Lipona, ancienne reine de Naples. Nos lecteurs n'ont pas oublié l'excellent rapport présenté par M» Lavielle au nom de la commission chargée d'examiner ce projet de loi. En posant la question dans ses véritables termes, en écartant la question de droit dont on l'avait mal à propos compli quée , M. Lavielle avait singulièrement facilité la tâche de la Chambre. Ce n'est pas le Code civil àla main, que le gouvernement et la commission sont venus plaider pour la Reine de Naples. Ce n'est pas la recon naissance d'une dette, l'acquittement d'une obligation rigoureuse et juridique, c'est un acte de pure muni ficence et de générosité nationale que la Chambre avait à consacrer de son vote. Mme la comtesse de Lipona est la sœur de Napoléon ; sur le trône même de Naples où elle régnait au nom de son frère, au nom de la France, elle n'a jamais cessé d'être Française ; précipitée du trône, elle est venue demander asile et protection au gouvernement de juillet. A tous ces titres, mais à ces titres seuls, l'ancienne Reine de Naples se recommande à la faveur et à la générosité nationales. Ainsi présentée, la question semblait résolue d'avance. La Chambre a applaudi quelques paroles généreuses de M. Emmanuel de Las Cases à l'appui du projet dé loi. M. le président du conseil en a reproduit les motifs avec une rare con venance et une parfaite justesse d'expressions. Après son discours , il a été bien entendu que c'était à la sœur de Napoléon et non à la veuve de Murât que la Chambre décernait une consolation nationale. Aussi le projet a-t-il été adopté à une grande majorité. Après ce vote, la Chambre a entamé la discussion sur le budget du ministère de l'instruction publique. Le débat a été ouvert par M. Auguis, .devant qui le budget de l'Université n'a pas plus trouvé grâce que la plupart des autres. M. Auguis a très prolixement développé les plans de réforme administrative et financière qu'il vou drait introduire dans l'organisation universitaire. M. de Tracy a remplacé M. Auguis à la tribune. Le discours de M. de Tracy n'a été que la pâle et froide apologie de tous les discours que l'honorable orateur a prononcés, chaque année, en pareille occasion. Cette année, comme toutes les autres, M. de Tracy a repris et approfondi son éternel problême sur la prééminence des lettres et des sciences. Les lettres sont bonnes à quelque chose , M. de Tracy veut bien en convenir ; l'éducation litté raire a son prix ; mais les lettres doivent céder le pas aux sciences; l'éducation scientifique doit précéder l'éducation littéraire., Telle a été la conclusion de M. de Tracy. En répondant'à des objections cent fois réfutées, cent fois reproduites, M. Saint-Marc Girardin a plaidé la cause des lettres avec toute l'autorité qui lui appar tient en cette matière. Nul orateur ne pouvait mettre au service d'une telle cause plus de talent, de raison et de véritable profondeur. La Chambre n'a pas encore fermé la discussion générale. M. le ministre de l'instruc tion publique a annoncé qu'il prendrait la parole au commencement de la prochaine séance'....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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