Extrait du journal

La période électoralese termine aujour d'hui. S'il fallait la caractériser d'un mot, nous dirions que jamais élections n'ont moins passionné le pays,, et que jamais pourtant les candidats n'ontmon tré plus de violence. A mesure que les grandes questions sont tranchées, il semble que les intérêts ou les appétits personnels se donnent plus librement carrière, et le spectacle n'en devient pas plus édifiant. Peut-être aussi faut-il tenir compte des conditions d'optique toutes nouvelles danslesquellesies choses nous apparaissent. S'il y avait autrefois lés mêmes emportements qu'aujourd'hui, on en était moins choqué; le fait même paraissait presque naturel, parce ;que l'objet de la dispute en valait la peine. Il s'agissait de savoir si la France serait république ou monarchie. Aux élections dernières, on se demandait avec anxiété si elle se livrerait à un césa risme de bas empire. Les questions po sées étaient certes de nature à enflévrèr les esprits, et la fièvre étant générale, on en remarquait moins les accidents particuliers. Il n'en est plus de même à présent. Le pays, rassuré sur l'avenir delà République et devenu sceptique sur beau eoupde choses etsur beaucoup d'hommes, a assisté avec calme à des élections dont les résultats ne devaient pas modifier bien profondément ses destinées. Sur un grand nombre de points, il lui importait peu que tel candidat ou tel autre fût élu : les candidats seuls y attachaient de l'im portance. . Aux intérêts politiques ont ainsi suc cédé les intérêts personnels. On a vu dans plus d'une circonscription des con currents qui appartenaient- tous à la même opinion ; à peinese différenciaientr ils lés uns des autres par des nuances. Dès lors, on devait être fatalement amené à discuter non plus les programmes, mais les candidats eux-mêmes, et la lutte, pour changer de nature , n'a pas été moins vive. Souvent elle l'a été davantage. Le caractère en a été plus répugnant. On est remonté, aux origines des candidats ; on a scruté non seulement leur vie publique, mais leur vie privée ; leurs familles n'ont pas toujours été respectées. Il fallait bien trouver des motifs de choisir les uns plutôt que les autres. Nous sommes loin du jour où le parti républicain pouvait proposer au pays de voter en bloc pour les 363, sans y regarder de plus près, sans analyser, sans distinguer. Les .grands courants d'opinion qui, autrefois,...