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Journal des débats politiques et littéraires, 5 juin 1937

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Journal des débats politiques et littéraires
5 juin 1937


Extrait du journal

L'émotion soulevée au Palais de Justice par la suppression des audiences du samedi est loin de s'apaiser.. Le fait paraît maintenant certain, les audiences du samedi de la 1" Chambre du tribunal n'auront plus lieu, les audiences des criées où avaient lieu toutes les ventes immobilières ne se tiendront plus le samedi à partir du 11 juillet. Ce fait va porter le plus grave préjudice aux intérêts des justi ciables, ce jour ayant été, depuis toujours, reconnu comme le plus propre à grouper les acquéreurs. Tout cela a été déterminé par la seule re vendication du petit personnel, qui a suffi à bouleverser la vie judiciaire. 11 est vrai que, depuis quelques semaines, le désordre qui règne dans la France entière n'a pas laissé indemne le monde des tribunaux. Sans faire état de trop hauts exemples qui sont dans la mémoire de tous, on peut rappeler que maintenant les gardes républicains qui sont de planton au Palais ont fait admettre qu'il ne leur incombait plus de porter les dossiers d'un service à un autre et que ce soin devait être laissé aux seuls garçons de bureau. Hier, un événement plus caractéristique s'est produit, qui serait comique s'il se produi sait en d'autres circonstances. Les huissiers, qui ont pour mission de faire exécuter les décisions de justice, de constater les occupa tions illégales d'usine ou de bureaux et de faire exécuter, avec l'assistance de la force pu blique, les ordonnances des présidents pres crivant l'expulsion des grévistes sur le tas, ont été les premières victimes de ces occupations. Les clercs, chargés du dépôt des actes chez les particuliers, ont occupé le local central des huissiers où se fait l'échange des plis par quartier. Le président a dû être saisi et c'est seulement après de très longues discussions que les clercs ont consenti à évacuer les bu reaux. Cette manifestation leur ayant encore paru insuffisante, ils sont venus assaillir le procureur de la République de leurs doléan ces. Là encore la rémunération des clercs n'est peut-être pas élevée, mais les huissiers font observer qu'elle est loin de constituer leur unique ressource. Au surplus, sans même examiner le fond du débat, ce qu'il convient de retenir, c'est la forme de la manifestation. En France, il n'existe plus de loi, chacun agit selon son bon plaisir, car il est assuré que, par la violence, il obtiendra, devant la carence des pouvoirs publics, la satisfaction qu'il réclame, si injus fiée soit-elle. Nul ne songe plus à rendre des décisions équitables et justes, mais partout se rencontre le souci de céder à tout ce qui est demandé. Toute demande, si folle soit-elle, doit être en partie satisfaite....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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