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Journal des débats politiques et littéraires, 6 août 1832

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Journal des débats politiques et littéraires
6 août 1832


Extrait du journal

. Mou critique n'est jamais sorti de Paris, où il exerce sa critique. Il n'a jamais vu d'autre forêt que la forêt de Montmorency, toute remplie de femmes en écharpes roses, galopant sur des ânes qui vont au pas. En fait de maison de campagne, le critique ne connaît que l'auberge du Cheval blanc) l'enseigne en est peinte par Gérard , et le dîner est servi h la carte; deux excès de civilisation ! Pauvre malheureux homme ! il ne sait pas ce que c'est qu'une forêt pleine de gros arbres , une femme hâ lce par le soleil, un château au milieu des blés jaunissons et des eaux qui circulent. Pauvre critique! Quand 011 lui parle de la campagne, il se figure toujours une maison de campagne à l'italienne, un jardin d'un derai-arpent, une forêt de quatre buissons, des paysans en culottes courte; garnies de faveurs, et des paysannes d'opéra-comique qui viennent au devant de lui en chantant en choeur : pauvre critique! Un beau jour,.l'Oisiveté, l'aimable déesse, le prend et l'attache sur un cheval. Il dit adieu au vaudeville, à l'opéra , au mélodrame ; il donne quelques jours de répit au monde dramatique, qui le lui rend bien ; il se met la bride sur le col à lui-même et en avant! Le voilà qui galoppe loin des drames nouveaux, loin des sonates du jour, loin des renommées de la veille, loin des modes de demain. Le voilà devenu un homme! En avant! Le ciel est beau, en avant! Il dépasse la barrière et les commis au niais sourire; il laisse à gauche et à droite les jolies mai sons de campagne de quatre pieds, encaissées dans une mer de boue en hiver, dans un nuage de poussière en été ; il voit flotter derrière lui les écharpes fanées des bourgeoises; il entend le dernier cii des petits enfans allâmes. En avant ! Il jette un regard de pitié sur les arbres brû lés de la grande route, sur le gazon desséché des fossés, sur les bour geois qui demandent l'ombre et le frais au grand chemin pelé. En avant! Le critique redevient un homme comme tous les autres; un homme à cheval, un homme au grand air, un homme qui se dilate le cœur, qui remplit son âme d'illusions, sa tête de rêveries , son poumon d'oxigène. Vive Dieu! il fait bon marcher ainsi tout devant soi, sans avoir peur de se heurter le front contre la boutique d'un libraire ou contre la porte d'un théâtre! En avant donc le joyeux critique! Laissez lui, laissez-lui au pauvre diable sou moment de repos et d'admiration. Ol»! la vie littéraire! la vie littéraire! quelle fatigue ! quelle perpé tuelle contention d'esprit ! quelle dépense inouïe de sourires et de larmes, décoléré et de pitié! quelle profusion d'âme, desprit, de cœur, d'in dignation, découragé, de vertu, de science, de honlieur! quel abo gaspillage des plus précieuses qualités de i'hwnme! La vie lit-...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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