Extrait du journal

devions reprendre ensuite notre « prome nade » du même côté de la rivière, i! deve nait inutile d'emporter nos habits : nous les , ôtâmes donc. Quel spectacle ! Le chef de l'Etat et ses amis, alignés, nus comme vers, sur la rive ! Nous entrons* dans l'eau. Le Président me crie : « Eh ! Monsieur l'ambas sadeur, vous avez oublié d'ôter vos gants. > Je les avais gardés, en effet, sachant que nous aurions, de l'autre côté, à grimper, dans des crevasses et sur des rochers, parmi les épines. Je ne voulais pourtant pas que l'on pût me croire moins endurant que les autres. Je criai au Président : « De l'autre côtë. nous pourrions rencontrer des dames ! » Et le prestige de la France fut sauvé. » On sait peut-être quelle amitié exquise et profonde se créa et ne cessa d'exister entre notre ambassadeur et le Président des EtatsUnis. Mais on ne sait, certes, pas assez de quel inestimable service cette amitié nous fut lors de la dangereuse affaire d'Algésiras et comment ce fut grâce à elle et à l'ultimatum envoyé par le Président des Etats-Unis à l'empereur d'Allemagne que la paix de l'Eu rope fut sauvée. Citons encore ce passage de la lettre écrite à cette occasion par M. Theo •dor Roosevelt monument unique dans l'histoire de la diplomatie à M. Jusserand: « ... Je suis entré dans cette affaire contre mon gré ; et je n'y serais probablement ja mais entré si ce n'eût été pour l'absolue con fiance que j'avais aussi bien dans la sûreté in faillible de votre jugement que dans la haute intégrité de votre caractère. - Parce que ce sont là les deux traits dominants de votre personnalité, mes relations avec vous ont été telles que jamais, je crois, il n'en a existé de semblables entre un ambassadeur et le chef de l'Etat auprès duquel il était accrédité... » Et, faisant preuve à la fois d'une étonnante prévision et d'une parfaite connaissance des méthodes employées par les gouvernements vis-à-vis des hommes qui, en dehors de tout esprit de parti, ont le mieux servi leur pays, j le Président terminait : j...