Extrait du journal

GYMNASE -DRAMATIQUE. La- Question d'argent, comédie en cinq actes, en prose, par M. A. Dumas iils; les acteurs. « De l'argent! de l'argent! voilà leur épée de chevet: de l'argent! » Ainsi se plaint maître Harpagon en son patois ; et de même qu'il ne faut pas parler de corde en la maison d'un pendu, il ne faut pas trop parler d'argent dans une comédie. En effet, si vous parlez à des gens riches, soyez sûrs qu'ils en savent plus long que vous sur cette question d'argent, les gens riches; ou bien vous parlez à de pauvres diables par faitement désintéressés dans la question, et alors que leur importe ? En bonne comédie, il ne s'agit guère de savoir au bout du compte si votre homme est riche, il s'agit de savoir s'il est gai, content, bon homme, heureux daus ses passions, châtié dans son vice ou corrigé de ses défauts. La nouvelle comédie appartient par sa date aux derniers jours de l'an de grâce 1847 ;or je suis sûr d'abord que l'auteur n'a pas songé à donner une date à sa comédie; en second lieu, qu'il sera très fâché lorsqu'il verra que sa co médie a déjà, malgré lui, de la barbe au menton. « J'avais déjà mis le pied sur le pont des Arts (c'est la comtesse Savelli qui parle) lorsque je fus arrêtée à mon premier pas par l'invalide qui me demandait un •sou! » Donc le pont des Arts n'av-ait pas encore été affranchi de cet im pôt de tous les jours au moment où commence là Question, d'argent. D'où il suit qu'il y a déjà huit ans que ces divers personnages vivaient, causaient, jouaient à la Bourse, et suivaient d'un pas calme ou furieux leurs mesquines am bitions. Quoi! déjà huit ans, huit ans de plus? Mais, par Plulus! que voulez-vous que nous fas sions de ces vieillards? Cette comtesse Savelli était, il y a huit ans...