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Journal des débats politiques et littéraires, 10 avril 1917

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Journal des débats politiques et littéraires
10 avril 1917


Extrait du journal

M. Ribot évoquait l'autre jour les noms glorieux de Washington et de Lincoln. Le premier a déjà sa statue dans Paris; le se cond y aura bientôt la sienne. N'est-ce pas le.moment de rappeler le magnifique hom mage rendu par un Français, il y a près d'un demi-siècle,- au grand Américain qui pava de sa vie l'honneur d'avoir aboli l'es clavage"? * • • ' - ' En 186 g, profitant du droit de réunion parcimonieusement accordé par l'Empire, un groupe d'écrivains appartenant presque tous au Journal des Débats, .MM. Jules Famé, Jules Simon, Saint-Marc Girardin, Laboulaye, Léon Say, Eugène Young, inaugura des conférences qui attirèrent aussitôt un immense public. L'une des premières fut consacrée à Abraham Lin coln ; l'orateur était M. Augustin Cochiii, le père du ministre actuel et de l'ancien député du Nord. Grand ami des ÉtatsUnis, oit son nom.est encore connu, il avait pris une part active aux polémiques antiesclavagistes ; il avait reçu de la ville de New-York une adresse revêtue de mil liers de signatures. Nul mieux que lui ne pouvait retracer la figure et la vie de ce grand citoyen. Son discours est charmant : familier,, pittoresque, d'une simplicité qui dut tout de suife conquérir l'auditoire pour l'élever peu à peu aux' plus nobles leçons de la morale politique. « Ce grand homme avait de grands bras, de grands pieds, de grandes mains et, si vous l'aviez vu monter sur cette estrade, peut-être qu'un sourire involontaire eût parcouru vos lèvres et que plus d'un d'entre vous se serait dit : Yoiiii un homme qui a de très grands bras comme un batelier et de très grandes mains comme un charpentier. » Batelier et charpentier, c'est en effet ce que Lincoln avait été jusqu'à l'âge de vingt ans. Fils d'un pauvre colon, il avait commencé par construire un bateau sur lequel il portait de la farine au marché. Lu meunier le prit pour commis. Avec ses premiers sous, il acheta un Commentaire des lois anglaises ; il tenait de sa mère une Bible et. d'un instituteur une Vie de Washington. Ce fut toute sa bibliothèque jusqu'au jour où un avocat l'admit comme secrétaire. A vingt-cinq ans il plaidait toutes les causes des gens de son circuit qui ne voulaient plus d'autre conseil que « l'honnête Abraham ». ; à trente,il devenait tout à coup orateur populaire et candidat à la législature. Je pense que vous me connaissez, dit il aux électeurs. Je suis le pauvre Abraham Lincoln. Ma politique se réduit à deux mots : je suis partisan de la fondation d'une banque nationale ; je suis partisan de l'instruction populaire la plus étendue. Si vous me nommez, j'en serai reconnais sant ; si vous 11e me nommez pas, ce sera tout de même. » Il fut nommé.. Il se rendit à pied dans la petite ville de Springiield, où se tenait l'assemblée. La question de l'esclavage commençait.à passionner tous les Etats-Unis. Lincoln en était, depuis l'enfance, l'adversaire résolu. « Si l'escla vage n'est pas un mal, pensait-il, rien n'est un mal. » Mais ce n'était pas chose facile de soutenir cette thè.sc dans l'lllinois où tous les intérêts étaient prévenus contre elle....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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