Extrait du journal

L'école est neutre et elle le restera avec le prolongement de la scolarité, a dit le mi nistre. Et il a ajouté que le personnel pri maire comprenait et pratiquait la neutralité. Nous avons émis la crainte que M. Zay ne fût trop facile à contenter parce qu'il se •contente de peu. Un instituteur retraité prend la peine de nous écrire pour nous expliquer quelle est la conception de la neu tralité chez les maîtres qui se flattent de la respecter tout en ne faisant pas mystère de leurs convictions révolutionnaires. « Je suis tout à fait d'accord avéc vous, conclut-il, pour dire que l'éducation n'est pas le dres sage; je pense également qu'elle" doit être à base de liberté et de compréhension mutuelle. Mais pour ce qui est de l'union morale et civique, c'est une question qui ne regarde pas l'école publique neutre. La partie la plus évoluée du prolétariat français a l'espoir ! d'écraser sa bourgeoisie et de lui imposer sa loi. Les faits diront si cet espoir est fondé, mais l'école publique n'a ni â approuver ni à blâmer la rupture morale et civique totale constituée par la lutte des classes. » Ainsi donc, l'école publique, l'école de l'Etat, n'a pas pour devoir de contribuer à l'union mo rale et civique. Elle fait déjà une grande concession en ne prêchant pas officiellement la lutte des classes : c'est tout ce qu'on peut lui. demander, c'est, en tout cas, tout ce qu'elle consent à accorder. On nous excusera de continuer à croire que ce n'est pas cette conception de la neu tralité qui inspirait les Jules Ferry, les Paul Bert et autres apôtres de la neutralité, non suspects de fascisme, de réaction et de clérica lisme. On nous excusera aussi de répéter qu'il n'y a pas un. seul pays au monde où l'école publique pratique une neutralité ainsi définie. On excusera enfin notre surprise de voir nos communistes ignorer ou affecter d'ignorer ce qui adviendrait en Russie d'un maître d'école qui réclamerait le droit d'être neutre quand il s'agit des devoirs civiques envers le pays comme envers' le régime. Et notre bénévole correspondant sait tout comme nous que le jour où le prolétariat de ses rêves aura réussi à « imposer sa loi », la question de la neutralité scolaire ne se posera plus en aucune façon et sous aucune forme. A. ALBERT-PETIT....