Extrait du journal

fussent prises contre les exhibitions licen cieuses, le colportage des dessins et écrits propres à corrompre la jeunesse, et le raco lage public de la prostitution ». Cinquante et un Conseils généraux sur quatre-vingt-six, c'est dès maintenant une proportion considérable. La manifestation qu'ils ont faite a peut-être même dépassé les espérances de la Ligue. Elle prouve sans contestation possible que le mal dé noncé est reconnu partout, sans doute, hélas! parce qu'il est partout répandu. Il est évident à Paris ; chacun peut s'en rendre compte en se promenant une heure sur nos boulevards ; mais le mal qui s'exhibe et s'étale est peut-être le moins redoutable de tous. Quelle que soit son in solence, il est encore obligé à une retenue relative. L'image est faite surtout pour amorcer, pour affriander une curiosité mal saine qui n'est complètement satisfaite que par l'anecdote, la nouvelle ou le roman qui l'accompagne. On n'imagine pas jus qu'où cette littérature est arrivée à faire descendre ses lecteurs. On ne peut la carac tériser que comme une industrie fondée sur la démoralisation publique, industrie large et prospère, qui, cherchant les acheteurs les plus nombreux possibles, donne sa marchandise à bon marché et se rattrape sur la quantité du débit. Les moyens qu'elle emploie pour écouler ses produits sont très variés : il s'en faut de beaucoup que l'image affichée sur les murs ou dans les...