Extrait du journal

C'est surtout en cette saison qu'on de vrait voyager. La lumière intelligente de l'automne attire l'âme des monuments à leur surface. Elle rend plus discrètes les choses du présent, elle rend les choses du passé moins lointaines. Ce matin, je vi site Troyes par une lumière admirable. C'est une ville d'églises. Elles se soutien nent et se répondent. Les impressions qu'on reçoit d'elles se fortifient l'une par l'autre. La plupart datent du commence ment du seizième siècle, et, tout bâtard que soit ce gothique finissant, il est impossible de n'être pas charmé de son exubérance et de sa vigueur. Ces églises, quand on y entre, sont chaudes et familières comme des maisons. Des statues de saints les peu plent. Les vitraux qui.les décorent sont gais et magnifiques comme de grands feux, avec leurs généreuses couleurs, leurs per sonnages aux lourds habits, leurs ciels pleins de grosses étoiles, purs et vivaces comme ceux des nuits d'hiver, où volent des anges robustes et corporels. Cet art est loin d'être d'un goût sans reproche. Sou vent, il peut paraître vulgaire; mais comme i! est dru! On dirait qu'en se développant, l'architecture passe du règne minéral au végétal. La pierre imite les plantes. Cependant toutes les églises de Troyes ne son! pas ainsi. A Saint-Urbin et à la...