Extrait du journal
SUITE. Peut-être, mon cher Edouard, si j'étais un faiseur de ro mans , ne devrais-je pas abandonner mon héroïne en l'état où je te l'ai montrée, peut-être faudrait-il te raconter tout de suite comment de nouvelles douleurs terribles, im prévues , écrasantes, vinrent la frapper coup sur coup, et compléter le tableau sans en détourner l'attontion de mes lecteurs : peut-être serait-ce le comble de l'art que de les tenir courbés jusqu'à satiété sur cette existence torturée avec excès, et peut-être, si je faisais ainsi, parviendrais-je a faire naître, dans le cœur du public lisant, cet intérêt avide et douloureux qui fait qu'on s'acharne à un livre sans pou voir le quitter avant la dernière page, et qui fait aussi qu'on le quitte avec plaisir lorsqu'il est fini, comme on s'éveilte avec joie d'un mauvais rêve. Mais ceci n'est point un roman qui doive être dévoré, c'est une histoire toute vraie et qui ne me semble pas avoir besoin de cette espèce de crescendo furibond d'émotions pour inspirer une vive pitié pour la femme qui a souffert tant de maux. Laissons donc un moment la pauvre Diane en proie à ce fatal affaissement où sa raison faillit périr, mais qui sauva sa santé presque perdue, en l'arrachant à la conscience de son malheur. Et maintenant apprends ce qui avait causé le départ précipité de M. do Chivri. Ce fut quelques lignes d'un journal. Elles étaient ainsi conçues : « On se rappelle que M. Léonard Asthon * dont le pourvoi avait été admis , s'était soustrait par la » fuite aux chances d'un nouveau jugement." Condamné » par défaut à la peine de mort, cet accusé vient de se » constituer prisonnier afin de purger sa contumace. » Cette nouvelle partie de la Bretrgne était arrivée k Paris, et de là elle avait été chercher M. de Chivri à Château roux , Georges à Metz, cù il était en garnison, et Philippe a Londres , où le retenait une mission du gouvernement. M- de Chivri arriva le premier à Paris ; ses denx fils l'y rejoignirent à peu de jours d'intervalle, le temps qu'il fal lut à chacun d'eux pour obtenir un congé qui leur permit de quitter leur poste. Le père n'avait point écrit à ses fils, les fils n'avaient point écrit à leur père et ne s'étaient point eveitis; mais un espoir de vengeance ou de réparation s'é tait pour ainsi, dire levé à l'horizon, et tous y avaient couru avec le même empressement et la même détermination. Martial, lejplus Jeune des fils de M. de Chivri, achevait ses...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
En savoir plus Données de classification - de chivri
- baron de barante
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