Extrait du journal
Bruxelles, 13 juin. La circulaire suivante vient d'Être adressée à MM. les députés qui ne se trouvent pas a leur poste : «Monsieur, nous vous invitons à venir tout de suite assister aux séances du Congrès. » Les circonstances actuelles exigent que le Congrès reste réuni. Une députation solennelle a été chargée de présenter la couronne de la Bel gique à S. A. R. le prince Léopold de Saxe-Cobourg. La nation attend avec impatience. Et les nouvelles que nous recevrons peuvent être telles qu'elles exigent des résolutions instantanées de la part du Congrès.; » Dans de telles circonstances, veuillez, Monsieur, ne pas être sourd à la voix de la patrie; n'abandonnez pas le mandat que vos concitoyens vous ont confié ; autrement nous nous trouverons obligés de publier, par la voie des journaux , les noms des députés qui, par leur absence, se montreraient indifférons à l'intérêt public. » M Nous espérons, Monsieur, que vous ne serez pas de ce nombre , et nous vous prions d'agréer l'expression de notre considération très dis tinguée. Le vice-président du Congrès, RAIKEM. » Le secrétaire, LIEDTS. » On lit dans Vlndépendant : « Que le ministre de la guerre y songe J il faut plus que de la bonne volonté dans les circonstances où nous sommes placés, il faut une acti vité prodigieuse, une résolution sans bornes, une persévércnce a toute épreuve : si le 30 juin tout n'est pas prêt pour le combat, la Belgique tout entière se lèvera contre celui dont la responsabilité est engagée à nous donner la possibilité de vaincre avec gloire où de succomber avec honneur. Le jour où le cri aux armes! retentira parmi nous, il faut que rien ne nons manque, et que notre courage soit secondé par tous les moyens matériels qui peuvent le faire triompher. » Car, si le prince de Saxe-Cobourg n'est point notre roi, le 30 juin sera le jour solennel de l'existence de la Belgique : sa vie et son hon neur seront décidés dans ce mois de juillet, si favorable àla cause des nations. Ce n'est pas le jour anniversaire de la prise de la Bastille, celui de la victoire de la liberté de Paris, que nous devons voir anéantir nos droits et notre liberté: ce soleil de juillet qui jusqu'ici éclaira le triom phe des peuples en France comme aux Etats-Unis, ne verra pas la Bel gique désarmée, obligée de tendre les mains aux fers des despotes. Tant de courage, de dévouement, de sang versé, ne seront point perdus, et les hommes qui nous gouvernent, s'élevant à la hauteur de leur mission, donneront à la Belgique les moyens de résister à ses oppresseurs quels qu'ils soient, qu'ils viennent du midi, ou que le nord les lance sur nous.» ( Correspondance particulière. ) Le départ de lord Ponsonby et du général Belliard n'a produit ici au cune sensation. Le pays est calme parce qu'il se sent fort et comme il n'a pas retiré toute confiance a ses mandataires , il attend patiemment que le Congrès prenne les mesures que les circonstances exigent. De son côté, la Conférence compte beaucoup sur la timidité de nos représen tans ; elle pense qu'en représentant au Congrès que l'Etat belge se cons tituera sans nouvelles secousses, sans de nouveaux sacrifices , cette assemblée accueillera toute proposition tendant à ce résultat. D'après cette manière de voir, la combinaison diplomatique qui est sur îeu, aurait pris encore une face nouvelle et serait proposée demain au Con grès par le ministère lui-même dans la forme suivante : La Belgique se rait représentée à la Conférence, non plus par des plénipotentiaires , mais par des commissions belges qui discuteraient, en présence de la Confé rence, centradictoirement avec des commissaires nommés par le roi Guillaume , à cet effet, les portions de territoire contestées. Après les plaidoiries les plénipotentiaires de la Conférence prononceraient en dernier ressort. Pour mon compte je ne crois pas que le Congrès donne dans ce piège, une pareille manière de vider les difficultés porterait un coup mortel à la révolution. P. S. Au moment de fermer ma lettre , je reçois par une voie sûre des nouvelles de Liège, par lesquelles on m'annonce que tout se prépare dans cette ville pour proclamer la réunion à la France. Ycrvicrs, pays de fabriqueet tout leHainaut sont dans les mêmes dispositions. Bruxelles, où la réunion est le moins désirée, ne tarderait pas a suivre le mouve ment. La même lettre ajoutequ'ou prépare à Liège des drapeaux tricolores français. Nous sommes en butte à mille bruits plus où inoins capables d'agiter le peuple; tantôt ce sont les Prussiens qui sont entrés à Maëstricht, d'autrelois ce sont les troupes de la Confédération qui ont envahi le Luxembourg. Cette tactique qui est suivie depuis quelques jours avec plus d'ardeur n'a pas produit jusqu'ici l'effet qu'en attendaient ceux qui l'ont mise en usage, car le pays n'en est pas moins calme....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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