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Journal des débats politiques et littéraires, 15 juillet 1914

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Journal des débats politiques et littéraires
15 juillet 1914


Extrait du journal

testent auprès de ce « citoyen » contre l'in différence des pouvoirs à l'endroit- de leur profession et contre le discrédit où l'on semble la tenir. Tous les autres corps d'état ont leur décoration. Les employés de bureau reçoi vent l'Etoile des Braves ; ou donne aux illettrés les palmes académiques, le mérite agricole aux tireurs de carottes; seuls les enfants d'Orphée sont tenus-a l'écart de la distribution. Pourquoi cette défaveur? Dans sa lettre éloquente au citoyen ministre, M. Bré vannes remarque avec raison qu'il n'est point d'K organisme » qui prenne plus de part à la vie nationale. Aux jours de deuil, aux jours de fête, qu'il s'agisse de pleurer un grand homme défunt, de célé brer l'élection d'un député, ou celle d'une rosière, rien ne se fait sans fanfare ; c'est elle qui traduit et provoque au- besoin le sentiment public ; l'âme de la foule respire dans le bugle sa voix parle dans le cornet à pistons. Tant, de services obscurs et gratuits valent une récompense; il y aurait de l'ingratitude à la leur refuser. A'l. Brévannes demande, au nom des Sociétés populaires de Seine et de Seine-et-Oisc, qu'on dé cerne aux vétérans de ces corps de musique une distinction particulière. Modeste dans ses désirs, il ne va point jusqu'à briguer •pour eux les insignes universitaires, il souhaite seulement qu'on leur accorde une médaille et un diplôme. La médaille, ils la payeront de leurs deniers, si le gouverne ment la trouve trop coûteuse ; le parchemin et les frais d'écriture resteront seuls à la charge de la collectivité. Il faudrait que. l'Etat fût bien ladre pour qu'il se dérobât devant une si faible dé pense. Espérons donc avec M. Brévannes que v. nous verrons bientôt briller sur les vénérables poitrines de nos vétérans la médaille des vieux musiciens ». En saluant au passage ces:médaillés- de Sainte-Cécile, nous aurons plaisir et fierté à dénom brer leurs campagnes, à songer que celui-ci a joué sur sa clarinette 3oa fois les Dragons de Villars et cet autre, sur son saxhorn, 780 fois la Prière de Jocelyn. Re fuser à ces vétérans des joies si innocentes, ce serait lés affliger sans excuse, détruire plus d'une harmonie et porter, comme on dit, un sale coup aux fanfares. Le citoyen ministre n'aura point ce courage cruel. Il se souviendra qu'en musique comme ail leurs la persévérance est une vertu rare ; il ne suffit pas. dé jouer juste, ce n'est même point indispensable ; l'essentiel est de jrftier-à temps. Qu'il interroge plutôt ce, gargotier qui avait dressé avant-hier une estrade en face de sa boutique et préparé un bal dont il escomptait à l'avance le magnifique succès. Il avait engagé d'excellents virtuoses ; mais on ne sait pour quelle raison, les artistes 11e vinrent pas. Et .le gargotier, plein d'amertume, écrivit sur le calicot tendu au-dessus de l'estrade, entre les lampions et les guirlandes, - cette maxime sévère : « Fermé pour cause de mauvais musi ciens. » Z....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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