Extrait du journal

possible; il eût fallu créer un droit nouveau, celui d'occuper un pays libre, par cela seul que d'autres pourraient l'occuper un jour. Les nations se portent quelquefois à de pareilles extrémités ; c'est ainsi que les Anglais se sont emparés de Copenhague en 1807 ; mais si ce droit ne se justifie peint, il s'explique du moins par les nécessités d'une légitime défense, au milieu des terribles vicissitudes d'une guerre universelle. S'est-on demandé ce que nous ferions en Italie après la retraite des Autrichiens ? Quel droit, quel prétexte nous donnerions à cette occupation militaire, à cette so lennelle violation d'un traité, alors que l'ltalie est tran quille et que le gouvernement romain est rendu à toute son indépendance ? Nous avons demandé si, en vertu de ses principes, le cabinet de Saint-Pétersbourg ne se rait pas autorisé à vouloir occuper la citadelle d'An vers , par cela seul qu'une armée française est campée sur la frontière belge. On n'a rien répondu. Dans toutes les phases militaires et diplomatiques de l'expédition d'Ancône, la politique de la France a été ce qu'elle devait être. Après avoir parlé avec le plus grand mépris de cette expédition, on cherche aujourd'hui à la grandir outre mesure ; on lui donne une portée qu'elle n'avait pas, qu'elle ne devait pas avoir. Par la prise d'Ancône le gouvernement français a pro testé hautement contre le droit d'intervention et contre la conquête. Le premier principe de notre politique ex térieure , c'est la non-intervention ; le premier intérêt de la France, c'est que les Etats qui jouissent d'une indé pendance réelle ne disparaissent pas de la carte d'Eu rope. Pour l'honneur et les intérêts de la France, l'occupa tion était nécessaire tant qu'il restait un régiment autri chien dans les Légations. L'occupation doit cesser, au jourd'hui que l'indépendance des Etats romains n'est plus menacée. Cette indépendance politique et une large amnistie seront toujours d'honorables témoignages de notre présence en Italie....