Extrait du journal

L'idée de recommencer l'Exposition colo nale l'an prochain n'a pas fait son chemin, bien qu'on ait fait autour beaucoup de bruit. Nous avons dit franchement, dès le début de cette campagne, en quoi elle nous parais sait inopportune. Nous avons rendu hom mage au désir naturel de prolonger un succès, de ne pas enterrer une chose en pleine vie, de ne pas baisser le rideau sur un spec tacle qui attire chaque dimanche un demi million de visiteurs. Mais le sentiment est un mauvais guide. Les réalités n'en tiennent pas compte : la vieillesse et le déclin n'épar gnent rien ni personne. Le sage n'attend pas d'être congédié pour prendre congé. Il met le point final au bas du livre avant d'être lâché par le lecteur. On nous disait : pourquoi n'aurions-nous pas autant de monde l'an prochain ? Il fera fa cilement plus beau, la publicité orale de cette première saison donnera son plein effet; on peut espérer que les circonstances économi ques et politiques seront plus favorables. Nous aurons trente millions de visiteurs cette année : ce sont trente millions de pro pagandistes pour l'an prochain. Quant aux dépenses d'entretien et de consolidation des monuments, d'hébergement hivernal des in digènes, elles seront presque couvertes par les bénéfices actuellement réalisés. L'Etat a versé 80 millions, la Ville 15, ce qui fait en passant sous silence les dépenses assu mées par les colonies 95 millions de cré dits, en face desquels s'alignent 30 millions fournis par les bons et 42 produits par les concessions. Le déficit est de 23 millions, mais l'Etat héritera du Musée permanent, évalué à 26 millions. Soit. Ce n'est tout de même pas avec ces 26 millions qu'on aurait couvert les nouvelles dépenses à faire. Il eût fallu de l'argent frais. Il en fallait d'abord pour les colonies. Allait-on leur im poser un nouveau sacrifice, alors que leurs budgets exigent, au contraire, une sévère économie ? On comptait que les concessions produiraient encore 42 millions. Il n'est -pas...