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Journal des débats politiques et littéraires, 16 avril 1923

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Journal des débats politiques et littéraires
16 avril 1923


Extrait du journal

Du haut en bas de l'échelle sociale, on n'entend parler que de crimes et de scan dales. On ne peut sans doute assimiler l'at tentat commis en chemin de fer par des brutes sur un malheureux sous-lieutenant, aux filou teries de ces médecins et pharmaciens qui spéculèrent avec tant de profit sur les car nets médicaux, en se faisant payer des visites imaginaires et • des médicaments qu'ils ne fournissaient pas. Mais le mobile est tou jours le même; il s'agit de se procurer de l'argent à tout prix. C'est celui qui a fait naître également cette industrie des mer cantis dont se plaint avec tant de raison le ' commerce honnête. Nous traversons une vé ritable crise d'immoralité et d'amoralité. On dira on le répète chaque fois que survient un gros crime, ou une affaire si stupéfiante qu'elle déroute l'opinion on dira: c'est la conséquence de îa guerre. Cependant, la guerre est finie depuis bientôt cinq ans, et nous ne constatons pas beaucoup de progrès dans les mœurs. Partout, ce ne sont qu'appé tits immodérés. On ne regarde pas aux moyens pour les satisfaire. Les procédés ne diffèrent que selon la classe de la société. Ainsi, des trois soldats qui ont renouvelé l'attentat de Marseille sur ■un jeune sous lieutenant • n'avaient pas l'esprit assez délié pour en trouver un autre que le plus simple de tous: le meurtre. L'un d'eux a avoué qu'en montant dans Je train de Nancy à Paris, ils avaient l'idée de faire un coup ; le plus prévoyant avait même emporté dans sa capote deux barres dè fer, afin de « bou siller tout homme ou toute femme susceptible d'avoir de l'argent ». Et, avec cet argent, ces trois criminels s'imaginaient qu'ils pour raient s'embarquer à Brest pour l'Amérique, mener là-bas « une vie pépère », car « ils en avaient marre de la caserne ». Un de ces bandits était un repris de justice. Et l'on se demande aussitôt pourquoi il n'était pas aux bataillons d'Afrique. Une autre réflexion vient à l'esprit. La propagande démoralisante des communistes n'est-elle pas responsable de ces crimes jusqu'à un certain point? • Quant à l'étrange affaire des médecins et des pharmaciens, on n'en revient pas. Com ment a-t-il pu se rencontrer dans des corps si honorables des hommes qui se soient lais sé entraîner à de telles escroqueries? Elles ne s'élèvent pas à moins de 22 millions ! Certes, ce scandale ne rejaillit pas sur la profession. Mais pourquoi les médecins n'au raient-ils pas une sorte de conseil de l'ordre, comme les avocats? On raconte qu'elle fut, sinon dévoilée —: on s'en doutait, paraît-il, .depuis trois ans du moins prouvée avec précision par le plus grand des hasards : un ancien combattant s'étonna d'avoir été con voqué à la mairie de Marseille pour y retirer son carnet médical. Il n'en avait pas, et il n'y avait pas droit! Il est donc possible de fabriquer ainsi à volonté dés carnets médi caux? On avouera aussi que cela est un peu trop tentant. Il faudrait y remédier. Mais c'est surtout par une sévère et rapide répression qu'on remettra de l'ordre dans les esprits. Plus ceux-ci s'égarent, plus il. faut les ramener à la raison par une stricte dis cipline....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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