Extrait du journal

Nous ne reviendrions pas aujourd'hui sur la question du recrutement du Sénat si nous n'avions lu avec plaisir dans quel ques journaux que le prince Napoléon avait adhéré à l'idée d'un Sénat électif et se pro posait de la soutenir. Si cette adhésion se produit, elle apportera à notre opinion un concours qui n'est pas suspect. Nous savons qu'aux yeux du rapporteur de la commis sion sénatoriale, l'élection par les conseils généraux donnerait moins d'autorité au Sénat que « la désignation de l'élu du 10 dé cembre. » Le prince Napoléon doit sans doute attacher à cette désignation autant de prix que le fait M. Devienne, et pourtant on assure qu'il regarde l'élection par les conseils généraux comme une source d'au- ] torité morale plus grande encore. Nous n'avons pas besoin de répéter aujourd'hui les argumens qui nous ont depuis long temps amené nous-même à cette opinion, laquelle fait heureusement les plus grands progrès dans la partie éclairée du public. Tout le monde commence à sentir qu'il vaut mieux encore adopter franchement le système d'une Assemblée unique que d'é tablir pour la forme une Chambre haute si dénuée d'autorité morale, qu'aux jours de crise on ne se souvient même point de son existence, comme il est arrivé constamment pour la Chambre des Pairs au milieu de nos révolutions. L'hérédité de la Chambre haute étant hors de ques tion en France , son élection par les conseils généraux est un procédé si na turel, qu'une fois présenté au public, il rallie tous les bons esprits....