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Journal des débats politiques et littéraires, 23 avril 1938

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Journal des débats politiques et littéraires
23 avril 1938


Extrait du journal

Les grèves de la métallurgie qui viennent de se terminer ont appris quelque chose aux ouvriers. Elles leur ont révélé qu'ils étaient la proie de meneurs inconnus qui décident de leur sort, de mots d'ordre désastreux dont personne ne distingue l'origine, d'une agita tion qui les expose absolument pour rien à de lamentables aventures. C'est un fait que les dernières grèves ont été déclenchées, sans raison, sur des consignes mystérieuses dont tout le monde aujourd'hui repousse la res ponsabilité. C'est un autre fait que ces grèves ont été néfastes aussi bien pour les ouvriers que pour la production nationale. Elles re présentent une perte de près de 150 millions de salaires. Elles ont signifié pour beaucoup de familles la gêne et la disette. Les ouvriers qui réfléchissent ont tiré les conclusions. L'Union corporative qui vient de se consti tuer dans les entreprises Citroën et qui a pour objet de grouper les ouvriers, les agents de maîtrise, les techniciens, pour la défense de leurs vrais intérêts professionnels, est une manifestation de cet état d'esprit. Le repré sentant des ouvriers, à la prémière assem blée générale, s'est exprimé avec une grande sévérité contre les gréviculteurs et contre les 'organisations syndicales qui les soutiennent. Il a dénonce l'entreprise incroyable d'exploi tation qui consiste à* multiplier les grèves pour aggraver la situation matérielle des grévistes et les mettre à la merci des agi tateurs. Cette tactique est conforme au marxisme révolutionnaire. Plus les diverses classes sociales souffrent, sentent l'insécurité et l'inquiétude de vivre, plus elles sont zélées dans leur adhésion au mouvement antisocial. Il y a longtemps qu'un célèbre doctrinaire socialiste avait fait cette remarque en sou haitant que les ouvriers apprissent à recon naître leur malheur. Les gouvernements du Front populaire ont suivi cette conception. Us ont même fait mieux, puisqu'ils ne se sont pas contentés de révéler aux diverses catégories sociales leur disgrâce, mais qu'ils l'ont aggravée. La C. G. T. se défend d'avoir eu une part de responsabilité dans l'origine de ces grèves désastreuses. Elle s'en défend mal. Car de deux choses l'une : ou le mouvement de grève qui a atteint plus de 150.000 ouvriers s'est déclaré et s'est poursuivi en dehors de la C. G. T. et contre ses indications, et, dans ce cas, la preuve est faite que la C. G. T. n'a sur les masses ouvrières ni l'autorité ni l'influence dont elle se réclame ; elle n'a donc pas le droit de parler au nom de la classe ouvrière comme elle le fait. Ou la C, G. T. a encouragé: un mouvement, .de grève qu'elle désapprouvait parce qu'elle n'a pas voulu s'opposer à un mouvement de re vendications démagogiques et parce qu'elle même est divisée et sans direction valable. Dans ce cas, la preuve est faite que la C. G. T. agit volontairement contre l'intérêt des ouvriers soit par complaisance démago gique, soit par impuissance. Dans les deux cas, les organisations syndicales ont trahi la classe ouvrière. La classe ouvrière commence à s'en apercevoir. Et elle manifeste avec vi gueur ses doutes et son dépit....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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