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Journal des débats politiques et littéraires, 23 décembre 1835

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Journal des débats politiques et littéraires
23 décembre 1835


Extrait du journal

< . . PARIS, 22 DÉCEMBRE. Mascara est tombé au pouvoir d'une armée française. C'est un résultat qui pouvait être prévu et dont, pour notre part, nous n'a vons jamais douté ; mais l'utilité et la convenance de l'expédition même, dopt la prise de Mascara était le but, ont été plus ou moins controversées, et il nous a semblé qu'en cela on avait tout , à la fois et trop exagéré les difficultés de l'entreprise et trop dé précié son importance. Que pouvait vouloir le gouvernement français en ordonnant l'ex pédition de Mascara? Faire prendre une revanche à notre armée d'A frique, réparer un échec dont l'importance avait été naturellement exagérée par nos ennemis de la régence d'Alger, châtier l'orgueil d'Abd-el-Kader qifi pouvait se croire tout permis pour avoir inquiété la retraiteti'un détachement français et tué quelques hommes sur ses derrières ; enfin réprimer, en frappant un coup décisif, l'insolence des tribus indépendantes qui se ralliaient autour de l'émir, et dont la réunion à Mascara semblait faire de cette ville la rivale de notre établissement à Alger. Tels sont les résultats que le gouverne ment français avait à cœur d'obtenir, et qu'il a complètement at teints , si nous en croyons les renseignemens venus d'Afrique. Qu'on dise maintenant que fie ministère s'est décidé trop légère ment, et qu'il a exposé sans utilité dix mille Français aux périls d'une expédition aventureuse : nous répondrons qu'il faut re noncer à l'occupation militaire de la Régence, ou subir toutes les conséquences nécessaires de la possession armée. Or la première de ces nécessités, c'est que le nom français soit respecté par les Arabes indépendans, c'est que la puissance de nos armes, que la promptitude et la vigueur de nos représailles ne soient mises en doute sur aucun point du territoire conquis; et c'est là, suivant nous, un des résultats qu'il est permis d'attendre de l'expédition de Mascara. Quant aux dangers auxquels la résolution très raisonnable du ministère français exposait nos troupes, c'est un reproche qu'on n'a jamais fait sérieusement. Tout le monde sait bien qu'un gouverne ment ne décrète pas une guerre sans prévoir un danger. Mais en donnant le commandement de cette expédition à un illustre maré chal dont la prudence égale le courage, et dont la haute capacité n'est pas contestée par nos adversaires, le gouvernement du Roi a montré combien il entrait de sollicitude éclairée dans sa prévoyance, et il a diminué ainsi, autant qu'il était en lui, les risques attachés à toute entreprise militaire, les mauvaises chances qui accompa gnent toute tentative hardie. Le rôle que, suivant un journal du matin, on a fait jouer à M. le duc d'Orléans dans l'expédition de Mascara, est aussi le sujet des reproches de l'Opposition. « Ceux qui l'ont conseillé, nous dit » on, réfléchiront-ils maintenant qu'un Bédouin en embuscade » derrière un cactus pouvait, au passage , atteindre d'un plomb » meurtrier l'espoir du trône constitutionnel, l'appui de la dynas » lie de juillet le plus ferme après son chef actuel ? » D'abord on n'a fait jouer aucun rôle à M. le duc d'Orléans. S. A. R. a obtenu du Roi son père l'autorisation d'aller visiter l'armée d'Afrique. Une fois à Oran, le prince n'a pris conseil que de sa jeunesse et de son courage, et il a marché à l'avant-garde de l'expédition, commandée par le brave Oudinot. Il a couru des dangers ; oui, sans doute! Mais aurait-on mieux aimé qu'il assilât, en spectateur, à des combats où succombaient des soldats français? Courir des dangers, n'est-ce pas là une des conditions, disons mieux, un des pri vilèges d'un si haut rang ? Quand dix mille de nos soldats ex posaient leur tète aux balles ennemies , pourquoi n'aurait-on pas vu le prince royal au milieu d'eux, partageant leurs fati gues, leurs veilles, leurs périls? Le fusil d'un Bédouin est-il, après tout, plus redoutable que n'étaient les canons de la citadelle d'Anvers? Qui a songé à blâmer le ministère d'avoir donné alors un commandement à M. le duc d'Orléans? Qui a reproché au prince royal d'avoir affronté deux fois les balles, bien autrement meurtrières, de la guerre civile dans les rues de Paris? C'est que partout où un danger sérieux menace notre garde nationale ou notre armée, quelle qu'en soit la cause, la place du prince royal est là ! La presse a bien le droit de blâmer une guerre, une expédition qui ne lui paraît pas commandée par une saine politique. Mais dès que la guerre est décidée, dès que l'expédition commence, dès qu'une armée est en marche, dès que l'honneur de nos armes est en cause sur un champ de bataille, le pays aime à y voir l'héri tier du trône constitutionnel. Car le trône ne s'appuie pas moins sur l'honneur de nos armes et sur le respect qu'inspire le nom français que sur les institutions mêmes qui forment sa .base libérale et sûre. Et c'est pour cela que nous pensons que M. le duc d'Or léan a bien servi le Roi en combattant dans les rangs de l'armée française; c'est pour «r.ela que nous croyons qu'il rapporte de cette...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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