Extrait du journal
Hors de leur alternative passablement impérieuse d'une franchise absolue ou d'une égalité entière de droits, les délégués des colo nies font apparaître comme un épouvaatail, avons-nous dit, leur séparation de la métropole et leur déclaration d'indépendance, au moins en ce qui touche aux rapports commerciaux. II ya toutefois une autre et bien plus modeste modification de ta rif qu'ils demandent, qu'ils signalent au gouvernement dans un passage rapide de leur lettre, et qui leur permettrait de patienter, à ce qu'il parait, si elle leur était accordée , et d'ajourner leur vœu d indépendance commerciale. Il s'agit pour eux d'obtenir que les sucres des colonies françaises ne soient plus, à leur en trée en France et pour la perception du droit, distribués en trois catégories. Avant la loi de 1833 on n'en reconnais sait que deux, celle des sucres bruts ( imposée aujour dhuià49fr. 50 par, 100 kil.) et celle des sucres terrés ( im posée à 77 fr.). La loi de 1833 a créé une troisième qualification intermédiaire, jusqu'alors inconnue, celle des bruts blancs, qu'elle a frappés d'un droit de 55 fr. 11 en est résulté, dans les bureaux de nos douanes, des contestations sur des nuances plus ou moins brunes, plus ou moins blanches, des procès et des perles pour les producteurs; il en est résulté surtout quelque découragement chez les colons qui n'ont plus trouvé d'avantage à perfectionner leur fabri cation. Il y a là probablement quelque chose à faire ou plutôt à ré parer. Et encore c'est une affaire très délicate à manier ; car nous y voyons engagé l'intérêt de la raffinerie française, qui est une industrie importante, éminemment progressive, et qui ne saurait être sacrifiée sans défense à des produits coloniaux vraiment per fectionnés et capables, s'ils n'étaient taxés dans une convenable proportion , de lui susciter une concurrence désastreuse et nou velle au sein de la classe des petits consommateurs. Mais s'il était une fois bien convenu de la part des colons qu'une telle modification dans les tarifs qui les intéressent ne suffit pas pour les satisfaire, ou bien s'il était impossible même de leur donner cette satisfaction comme ils la désirent, sans compromettre la sécurité de l'industrie métropolitaine, et si enfin la répudiation du pacte commercial qui les rattache encore à la France, s'offrait à eux comme le seul moyen de résoudre les difficultés de leur si tuation, il faudrait s'applaudir que les colonies eussent été les pre mières à s'aviser d'une semblable idée, si tranchante ,si imprévue, I et dont les seuls jusqu'à ce jour avaient pu s'occuper comme d'une théorie encore assez lointaine. Du moins la métro pole se sentiront à l'aise maintenant pour en délibérer, puisqu'elle n'a pas pris l'initiative.. Il semble aux coloris français qu'il leur sera facile de trouver place pour leurs produits sur les marchés européens, en concur rence avec les produils*des colonies étrangères; et en effet, ils ont pour euxTexemple des 10 millions de kilogrammes de sucres qu'ils ont réexportés dernièrement de nos entrepôts et qu'ils ont placés, dit-on, à Anvers, Hambourg, Gènes et Livourne. Tant mieux s'il en était ainsi en toute occasion dorénavant. La Frauce pourrait dès-lors effacer les énormes droits différentiels dont sont grevés les produits des colonies étrangères et n'avoir plus qu'on seul tarif pour tous les sucres qui lui arriveraient du dehors. L'impôt qu'elle a résolu d'asseoir sur la production du sucre indigène ne serait pas tenu pour cela d'être ni plus ni moins élevé. Seulement les producteurs nationaux seraient plus vivement stimulés par une rivalité plus active et plus redoutable, car ils entreraient en lutte de progrès avec les colonies étrangères qui, on doit le dire, au risque de déconcerter un peu ta confiance toute nouvelle des îles françaises en leurs propres forces , savent produire avec plus d'avantages économiques. Malheureusement pour la réalisation du vœu de liberté exprimé par les délégués des colonies, au nom de leurs cliens, il peut y avoir des considérations graves qui s'y opposent ou qui com mandent tout au moins d'y réfléchir mûrement avant de l'accom plir. Ce sont des considérations qui méritent bien d'entrer en ba lance avec l'intérêt commercial, et qui sont à coup sûr d'un ordre plus relevé. Nous y reviendrons....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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