PRÉCÉDENT

Journal des débats politiques et littéraires, 24 décembre 1834

SUIVANT

URL invalide

Journal des débats politiques et littéraires
24 décembre 1834


Extrait du journal

honneur de faire marcher la science politique. Les ministres du 13 mars et du 11 octobre ne sont pas des novateurs ; ils n'ont rien inventé; ils ont simplement consulté le pays, et l'ont bien compris. C'est là leur gloire ; c'est celle du Roi et des Cham bres qui leur ont accordé une si haute confiance, qui leur ont prêté une si grande force. On dit que leur système est très simple ; nous en tombons d'accord avec .-ceux qui leur en font aujourd'hui un reproche, mais c'est pour les louer d'avoir préféré la gloire de sauver leur pays par leur bon sens, parleur modération, par leur condescendance à tous ses vœux raisonnables, par la simplicité et la netteté de leur politique, d'avoir préféré ce rôle modeste et pa cifique au prestige d'une destinée plus aventureuse et plus bril lante. t On dirait, à entendre l'Opposition parler avec un si souverain mépris du système de prudence qui a été suivi par le gouverne ment'depuis quatre ans, qu'elle tient en réserve quelque grande conception destinée à répandre dès flots jde lumière dans la politi que. Eh ! bien, qu'elle parle! Puisqu'elle trouve qu'il est d'une po litique vulgaire d'avoir préservé le pays de la guerre étrangère, sans qu'il en ait rien coûté à sa dignité, d'avoir mis fin à la guerre civile dans l'Ouest, d'avoir pacifié Lyon et paris sans qu'il en ait rien coûté à la1 liberté ; puisqu'elle trouve qu'il était si simple et si facile d'accomplir une à une, et parmi de si chaudes alarmes, les .promesses de la Charte de 1830, qu'elle nous donne donc enfin son secret, ce secret qu'elle cache si bien depuis trois ans! Qu'elle prononce ce dernier mot qui doit jeter tant d'éclat, qui doit faire cesser tant d'incertitudes, qui doit ouvrir une nouvelle ère à la politique gouvernementale, ce dernier mot qu'elle n'a jamais dit ! L'Opposition nous le promet pour la discussion qui va s'engager sur la loi des 360,000 fr. Nous l'attendons avèc impatience. L'occa sion est belle ! L'Opposition n'a encore rien dit devant la nouvelle Chambre. Il sera curieux de l'entendre attaquer cette politique li bérale et modérée que la nouvelle Chambre veut soutenir, et qu'elle a solennellement approuvée. Si l'Opposition n'avait que ses vieilles armes pour combattre le minislère, autant vaudrait pour elle garder le silence prudent qui a si bien servi, comme cha cun sait, la cause du tiers-parti; çar ce silence du moins semblait cacher quelque chose. Parler pour répéter en 1834 ce que la raison publique trouvait déjà coipmun et déclamatoire il y quatre ans, en vérité ce n'est pas Va pane. L'Opposition ne s'ex posera pas à ce mécompte. Elle sent la nécessité de l'union, de-la discipline; elle sera unie et disciplinée; elle éprouve le besoin de s'expliquer sur ses doctrines, elle s'expliquera; elle prétend que le pays est pour elle, elle nous dira pourquoi le pays l'a délaissée aux dernières élections ; enfin, puisqu'elle traite de si haut le sys tème politique qu'a suivi le gouvernement, puisqu'elle le trouve vulgaire et mesquin, malgré tant de résultats qui ont démenti ses prédictions , elle nous révélera sans doute le plan qu'elle a formé pour réhabiliter entre ses mains le gouvernement de la France! Si l'Opposition n'arrive pas cette fois avec un système bien conçu, bien arrêté, il sera permis de dire qu'elle a donné sa démission i car elle n'a plus de force par le nombre; elle ne peut plus en avoir que par ses doctrines. Si elle a un système, eh bien! nous verrons ce qu'elle y aura mis de ce génie dont nous avons si peu, de cette prévoyance qui nous a tant manqué ; nous verrons toutes les choses neuves qu'elle nous promet si nous voulons quitter l'ornière rétro grade du 13 mars, et donner àun grand peuple, un gouvernement digné de lpi; nous verrons tout cela ! Nous avons doue bien quelque droit de parler de notre curiosité et de notre impatience....

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

En savoir plus
Données de classification
  • moreau
  • valin
  • napoléon
  • dufour
  • durand
  • girod
  • boudet
  • paret
  • krug
  • mazoyer
  • france
  • russie
  • rome
  • augsbourg
  • garnet
  • dumas
  • journet
  • ussel
  • paris
  • chambre