Extrait du journal

On ne fait pins deux pas dans la rua sans se heurter à 1' « homme renseigné » qui vous annonce la date exacte d'invasion •européenne, voir© celle de l'armistice. C'est tout juste s'il ne vous indique pas l'heure à laquelle surviendront ces événements La manie de pronostiquer est un signe de la misère mentale de notre époque. Le calendrier a beau s'effeuiller sans réaliser ces prévisions, les faits ont beau les démentir, d'autres sont aussitôt mises en circulation, non moins précises et non moins gratuites que les précédentes. Tantôt il s'agit d'une information « de première main * apportée par un voyageur venu de l'étranger. Tantôt d'une indiscré tion tombée de la bouche d'un diplomate. Tantôt d'un bruit qui court les salles de rédaction, d'une émission radioplionique uni entendue, voire des intuitions d'une sibylle professionnelle. Rien ne lasse, rien ne décourage les faiseurs de pronostics, qui s'obstinent à tirer sur l'avenir des traites sans provision. La fièvre augurai© est la maladie des temps de crise. Dans une épreuve comme celle que nous traversons, l'incertitude du lendemain crée un» sorte de vertige contre lequel l'esprit cherche à s'immuniser par de Hausses assurances. Jamais les hommes n'ont pris plus aveu glément leurs désirs pour des certitudes. Jamais ils n'ont déployé «I.nrtur fnipn Âoh OC...