Extrait du journal

Qu'on ne croie pas que nous ayons donné le moindre coup de pouce à l'article de M. Léon Blum. Notre éminent confrère est navré, mais limpide. Il verse à la fois des larmes et des torrents de lumière. Quand il est question de sauver le mark, M. Léon Blum ne marchande pas les sa crifices, surtout les nôtres. Quand il s'agit de sauver la livre aujourd'hui, le franc hier, il flétrit « la panique sans objet ». Et il est de la meilleure foi du monde. Son sens critique abdique dès qu'il s'agit de certaines choses. Il l'avoue même d'un mot presque touchant, en conclusion de son élégie, un mot de croyant. « Je trouve cela dur et triste. Je le dis comme je le sens. » La raison n'a ici rien à voir, c'est une question de sentiment. Nous respec tons trop la foi pour ne pas. rendre hom mage à celle de M. Léon Blum. Nous pourrions discuter ses arguments, nous nous garderons de froisser, ses délicatesses de conscience. Du moment qu'il dit les choses « comme il,les sent », et non comme il les sait, il n'y a plus qu'à s'incliner. • Le Peuple aussi condamne l'attitude de M. Mac Donald, mais le Peuple, organe de la Confédération Générale du Travail, n'est pas stupéfié. Il voit bien que la si tuation du ministère travailliste était de venue « inextricable ». Il déplore que la majorité travailliste soit coupée en deux, il manifeste sa sympathie à celle qui reste en dehors du gouvernement d'union natio nale, il ne dissimule pas sa crainte que les travaillistes ne soient après cela « écartés du pouvoir pour longtemps ». Tout cela est assez orthodoxe, mais il est triste de constater que M. Harmel n'a pas le cœur sur la main comme M. Léon Blum....