Extrait du journal

Le Sénat, après avoir voté tous les articles d'un projet de loi, en a re poussé l'ensemble à main levée. Il s'agissait d'accorder au Gouvernement le pouvoir de modifier par décret le tarif douanier. Ce vote, disent la plu part de nos confrères, a été une « sur prise ». C'est beaucoup plutôt une ma nifestation du mécontentement général de la Haute Assemblée. Elle a voulu montrer le peu de confiance que lui inspire le Cabinet Léon Blum, non pas spécialement sur le point qui était en cause, mais sur beaucoup d'autres qui ne sont pas d'un intérêt moindre poul ie pays. La nécessité de défendre l'agriculture est primordiale. Toutes les mesures prises en faveur de la main-d'œuvre urbaine et industrielle aboutissent à dépeupler nos villages. Il suffit de voir le nombre impression nant de demandes qui émanent de travailleurs agricoles pour entrer dans les chemins de fer, dont on va augmen ter les effectifs. La protection dont on entoure les produits manufacturés fait croire qu'on néglige de protéger les produits agricoles. On cite et on ré pand des statistiques, peut-être trop simplistes, mais qui ne manquent pas leur effet. Si on compare les importa tions de 1913 à celles de 1936, on cons tate que les importations ont passé de 100 à 122 pour les produits agricoles, de 100 à 88 pour les produits indus triels. Il y aurait beaucoup à dire si l'on tenait à commenter ces chiffres, mais on ne les commente pas et le ru ral se croit délibérément moins protégé par l'Etat que toutes les autres classes sociales....