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Journal des débats politiques et littéraires, 27 juillet 1877

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Journal des débats politiques et littéraires
27 juillet 1877


Extrait du journal

ceux qui avaient confiance dans les pa roles prononcées par le maréchal quand il avait pris possession du pouvoir et qu'il s'était engagé à maintenir et à af fermir les institutions existantes. Mais ceux-là même qui n'avaient pas de con fiance obéissaient avec résignation et avec un grand esprit de conduite à la fiction constitutionnelle, et adoptaient le programme de la Constitution et du ma réchal. Eh bien ! cet accord qui seul pouvait faire marcher ensemble les pouvoirs pu blics et donner au pays, au moins pour trois ans, le repos dont il a tant besoin, qui donc l'a rompu ? C'est le maréchal. C'est lui qui a déchiré de ses propres mains ce contrat auquel tous les partis raisonnables avaient mis leurs signatu res, les unes données de bonne foi, les autres par nécessité, mais dont aucune n'avait été violée. Nous ne cesserons point de porter et de poser devant le pays la question de responsabilité. La Chambre élue, qui est la représentation la plus di recte du pays, pratiquait loyalement, strictement, la Constitution telle qu'elle l'avait reçue de ses prédécesseurs ; elle pouvait la trouver imparfaite, mais elle la respectait scrupuleusement. Cette majo rité, dont on attendait impatiemment des agressions, n'a fait que des concessions. Et c'est alors, c'est quand on a vu que le pays s'habituait à regarder la république comme un gouvernement conservateur et pacifique, quand on a vu qu'il était capa ble de se dégoûter des sauveurs, c'est alors qu'on a dit un beau soir : « C'est assez ! » Assez de quoi, s'il vous plaît ? Assez des lois 3 assez de la Constitution? assez du gouvernement du pays par le pays ? as sez de la tranquillité républicaine? Qui donc a le droit de tenir un pareil langage àla France? Il faut bien qu'elle sache, cette France, d'où est venu le signal du conflit, qui a commencé jus hostilités, qui a violemment déchiré le pacte constitu tionnel. Comment le journal qui nous parle encore avec plus de tristesse que de confiance du vieux programme veut-il en recoudre les morceaux? La Constitution et le maréchal ! c'était le programme ré publicain des dernières élections. Mais aujourd'hui, comment voudrait-on le res susciter ? Les républicains n'ont plus le droit de prononcer le nom du maréchal. C'est le maréchal lui-même qui le leur défend. l)ans ce cas, que devient le programme denotrephilosophiqueetmélancoliquecon frère ? Il reconnaît lui-même que l'acte soudai» et imprudent du 16 piai a eu pour effet de rejeter dans une Opposition ac centuée les propres amis du maréchal, ceux qui l'avaient aidé sincèrement dans la tâche du gouvernement. Que dire alors de ceux qui ne taisaient que l'accepter ou le subir, et qui toutefois respectaient en lui la fiction constitutionnelle? L'in jonction qui est faite à tous sera suivie, par les uns avec regret, par les autres avec soulagement. Les professions de foi des candidats aux prochaines élections nous paraissent désormais d'une facilité élémentaire et pourraient être ainsi conçues : « Nous n'avons qu'un mot à changer à notre programme. La dernière fois, nous disions : « La république et le » maréchal » ; cette fois, nous disons : «La » république tout court. » C'est ainsi qu'on a tué non seulement les adhésions de bonne volonté, mais aussi les adhésions de conventions et de con venances. Désormais, on ne peut plus associer le mot de république au nom du maréchal. On nous dit que le maréchal ira jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'à l'é chéance de 1880. C'est bien, ne discutons...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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