Extrait du journal

La session de 1846 est ouverte. Le discours du Trône que l'on vient de lire en trace le pro gramme avec un grand bonheur d'expressions et une simplicité qui a son éloquence. La franchise du patriotisme et la noblesse des sentimens qu'il exprime justifient les acclamations qui l'ont plu sieurs fois interrompu. Chaque année le Roi rend un solennel hommage à la politique d'ordre et de conservation qui a déjà tant fait pour le bien-être et la prospérité de la France. Chaque année des résultats nouveaux et de plus en plus salisfaisans viennent confirmer ce témoignagé et proclamer l'excellence de cette politique. On dirait que le temps est son pre mier et son meilleur auxiliaire. La quinzième année de la révolution de Juillet s'est écoulée dans un calme profond, et il n'y a pas d'exagération à dire que jamais les Chambres ne s'étaient réunies sous de plus heureux auspices, dans une situation plus nette et plus unie pour le présent, plus forte en garanties et en bonnes cautions pour l'ave nir. Qu'on se reporte au commencement de la session dernière, et qu'on se rappelle un instan't les difficultés anciennes ou nouvelles et les compli cations diverses que les événemens avaient amenées dans la politique étrangère ! C'est le meilleur moyen d'apprécier les avantages que nous avons obtenus, de mesurer le terrain que la cause de l'ordre et de la paix a gagné depuis un an. Aujourd'hui toutes ces complications qui paraissaient si menaçantes ont disparu : de toutes les questions pendantes à cette époque, il n'en reste aucune. La plus grave de ces questions, celle dont la solution avait été proclamée chimérique, impossible, a été résolue trois mois après, conformément au vœu mani festé par les Chambres. Elle a été résolue par la conclusion d'un traité contre lequel on n'a pu présenter une seule objection de quelque valeur, et dont l'humanité doit s'applaudir au tant que l'esprit national, puisqu'en assurant la répression de la traite , il a pour but de replacer notre commerce sous la surveillance exclusive de no tre pavillon. Car c'est dans ces termes , empruntés à l'Adresse même de la Chambre, que la Couronne annonce le résultat de la négociation qui a réa lisé le vœu de la représentation nationale. Ainsi, de questions politiques, de celles du moins qui touchent àla politique étrangère, à proprement parler, il n'y en aura pas celte année; la chose est évidente et reconnue par tout le monde. Nous en sommes venus au point que la politique de la paix n'a plus rien à craindre de personne ; car, en An gleterre comme en France, elle fait son chemin toute seule, elle -se maintient et se défend par sa propre force. Après ce qui vient de se passer de l'autre côté du détroit, après le dénoûment qui vient de terminer la crise ministérielle, on ne peut pas plus douter du sincère et parfait accord qui existe entre les deux pays que de l'intime amitié qui unit les deux souverains ; car jamais ils ne s'en étaient donné de gages plus éclatans et moins équivoques. Les affaires de la Plata, que les deux gouvernemens ont entrepris de régler en commun, leur offriront une occasion nouvelle de cimenter cet heureux accord de vues et de volontés qui est la plus ferme garantie de la paix universelle. Cette année, le champ de la politique intérieure s'agrandira, selon toute apparence, en proportion de l'espace que les questions de politique étran gère auront perdu. Le discours du Trône annonce les principales mesures qui seront proposées à l'exa men des Chambres. L'amélioration qu'il continue à signaler dans la situation des finances donne lieu d'espérer le rétablissement complet de l'équilibre...