Extrait du journal
Le Conseil général de la «Seine, dans sa séance d'avant-hier, a manifesté encore une fois son ferme propos de ne pas laisser M. Poubelle coucher à l'Hôtel de Ville dans le lit réservé au futur maire de Paris. L'an née dernière, le Conseil général avait déjà re fusé d'inscrire aubudget le crédit de 200,000 fr. demandé pour ameublement de l'hôtel et des bureaux du préfet et pour frais de dé ménagement. Le gouvernement, considérant qu'il s'agissait d'une dépense obligatoire, avait ordonné l'inscription d'office. Le Conseil, na turellement, ne s'est pas tenu pour battu et il a « enjoint » à son président d'adresser au ministre de l'intérieur les remontrances les plus vives et les protestations les plus énergiques. Il paraît que le ministre n'a pas cédé, en principe, puisque le crédit est inscrit de nouveau au budget de 1886. Mais, en fait, il n'a pas osé passer outre aux résistances du Conseil général, car le crédit porté au budget dé 1885 "est resté sans emploi, et M. le préfet de la Seine n'a pas encore déménagé. On comprend que ce haut fonctionnaire ne soit pas très impatient de quitter le pavillon de Flore pour l'Hôtel de Ville. Les véritables maîtres de cette dernière maison, conseil lers généraux et municipaux, ont juré qu'ils s'opposeraient, par tous les moyens, à l'installation du représentant du gouverne ment, et qu'ils ne reculeraient devant rien pour préserver de ce contact impur les mu railles qui doivent abriter, tôt ou tard, le maire élu de la commune de Paris. M. Pou belle ne sait ce qui l'attend dans une demeure si inhospitalière. Il se sent plus tranquille et plus chez lui dans le palais des rois. Mais le Conseil général, craignant sans doute qu'il ne s'enhardît et qu'il ne vînt à s'introduire nuitamment dans les apparte nons dont l'accès lui est interdit, a tenu à renouveler ses plus expresses défenses et inhibitions. Il a décidé, en conséquence, que les 200,000 fr. destinés au mobilier du préfet seraient encore une fois rayés du budget. Pour plus de précaution, le préfet « est tenu à se pourvoir devant le Conseil d'Etat contre les décrets pouvant mettre obstacle à la présente délibération ». Il faudra que, le cas échéant, M. Poubelle demande lui même au Conseil d'Etat la grâce de n'être pas meublé ! Le Conseil général veut lui faire baiser les verges. Nous savons bien ce qu'il adviendra de cette délibération. Elle sera annulée comme les précédentes ; le crédit refusé sera de nou veau inscrit au budget départemental. Mais si ces mesures n'ont pas plus d'effet qu'elles n'en ont eu jusqu'à présent, si M. le préfet delà Seine et quelques-uns de ses bureaux restent aux Tuileries, malgré les inconvéniens qui peuvent en résulter pour le service, le Conseil général aura atteint son but, et il continuera à se moquer du gouvernement et de son pré fet. .Si- un .Conseil général autre que celui de la Seine émettait la prétention d'empêcher un préfet de loger à la préfecture, on ne lui pas serait probablement pas cette étrange fantai sie. Mais les élus de Paris ont des privilèges et ils savent se faire obéir....
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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