Extrait du journal

On nous écrit de Suisse, le 27 décembre : L'interpellation sur l'affaire du Nord-Est, dont je vous parlais dans ma dernière lettre, a eu son curieux épilogue. Avant la clôture de la session des Chambres, le Conseil fédéral crut devoir leur de mander de nommer chacune, par anticipa tion, une commission chargée d'examiner les propositions de rachat que leur transmettra le gouvernement. Le Conseil fédéral paraissait te nir beaucoup à ce que ces commissions fussent nommées tout de suite : c'est sans doute ce qui a suggéré aux Chambres la malicieuse pensée de n'en rien faire. L'un et l'autre Con seil ont refusé de déférer à la demande du gouvernement, jugeant qu'il serait temps de reprendre l'affaire dans la session de mars. Ce petit mouvement d'humeur, vivement commenté en Suisse, n'est que l'expression d'un sentiment qui n'a pu se faire jour lors de l'interpellation sur le Nord-Est, puis qu'une interpellation n'aboutit pas à un voté. Sans mettre en doute los honorables intentions du Conseil fédéral, les Chambres estiment et ont saisi l'occasion de faire sentir que l'affaire du rachat a été mal engagée, et que, après avoir beaucoup tâtonné, on montre aujourd'hui une trop fiévreuse précipitation. Le refus infligé a la valeur d'un calmant. . Quant au gouvernement lui-môme, il feint de n'y voir qu'un signe de l'empressement des députés à rentrer chez eux pour Noël. Une rectification encore : je vous indiquais le fait qu'un particulier, propriétaire de la majorité des actions du Nord-Est, se trouvait en mesure de négocier avec le Conseil fédéral le rachat de la ligne. Ce fait, auquel on a attaché une certaine importance dans le récent débat, n'est pas exact : le financier en cause déclare que les actions qu'il détient ne sont pas sa propriété, ni même celle d'un petit groupe d'actionnaires; il n'agit que comme manda taire de plusieurs groupes représentant une cinquantaine d'individus désireux de mettre fin à un conflit qui s'est déjà trop prolongé entre le gouvernement et la Compagnie....