Extrait du journal
Les dernières interpellations adressées par lord Aberdeen à lord Grey sur l'expédition d'Alger, les réponses de lord Grey et la pro duction des documens qui les ont suivies, toutpermet d'asseoir enfin tme opinion fondée et réfléchie sur la situation de la France vis-à -vis des grandes puissances de l'Europe, relativement àla con quête et à la possession d'Alger. Cette situation est de nature à satisfaire le patriotisme le plus chatouilleux, et dans la polémique à laquelle elle a déjà donné nais sance, nous ne saurions trop nous étonner de l'insistance avec la quelle certains journaux se sont obstinément attachés à faire cause commune contre le gouvernement français avec les ennemis les moins déguisés de la gloire et de la prospérité de la France. Nous avons vu avec un sentiment qui touche au dégoût, quelques feuilles de l'Opposition emprunter et prêter tour à tour des argumens à lord Aberdeen et à ses amis, pour représenter la France comme liée par des engagemens antérieurs ou récens à la rétrocession d'une conquête, faite pour honorer tous les drapeaux, et cela uni quement afin de demander compte au gouvernement français du dépôt de sa grandeur nationale! C'est dépasser toutes les licences de l'esprit de parti ! Gardons-le, puisqu'il en faut, avec ses rancunes, ses injustices pour nos dissensions intérieures ; mais au nom de Dieu, qu'il expire à la frontière ! La déclaration de lord Grey àla Chambre des Pairs, dans la der nière session du Parlement, avait clairement établi que la France n'avait pris vis-à-vis de l'Angleterre aucun engagement d'évacuer le territoire de la régence d'Alger. Dans la bouche d'un premier ministre anglais connu surtout par la sévère loyauté de ses paroles, une pareille déclaration ne pouvait plus laisser d'incertitude sur la complète liberté d'action que la France s'était réservée dans la question d'Alger. Cette vérité vient de recevoir une sanction plus éclatante encore par la publication de la correspondance de lord Aberdeen et de lord Stuart en 1830. Ni l'un ni l'autre, assurément, n'était alors intéressé à constater l'absence de but engagement, et jusqu'au dernier moment on les voit considérer les déclarations de la France comme insuffisantes, en solliciter de plus explicites, et se plaindre amèrement de la liberté que le gouvernement français se réserve, et qu'ils auraient voulu lui ravir. Le gouvernement britannique envisagea si bien dès lors sous le même point de vue la portée et les conséquences des communica tions de la France relativement à l'expédition d'Alger , il jugea si bien, comme son ambassadeur à Paris, qu'il n'y avait dans tout cela que la politesse et les égards que les puissances se doivent entre elles dans les questions d'intérêt général, que le ministère anglais et le duc de Laval, ambassadeur de France à Londres, eurent ensemble à ce sujet les plus vives explications dans les jour nées qui précédèrent presque immédiatement les événemens de juillet. Ce fait, alors très connu, se perdit bientôt au milieu du retentissement de la révolution de 1830. Qui songeait alors à Alger et à l'influence de nolretconquète sur nos relations avec l'Europe? Mais peut-être objectcra-t-on que la France avait au moins pris dès l'origine l'engagement de se concerter avec ses alliés sur la destination d'Alger, qu'elle avait parlé d'établir à ce sujet une con férence pour y traiter en commun la question? Nous admettons l'offre de la France. Eh bien! que fit l'Angle terre ? Elle repoussa celte proposition, et les autres cours n'y don nèrent aucune suite.LaFrance pouvait-elle se dispenser de prendre un parti sur sa conquête? Et ce parti, une fois pris, osera-t-on prétendre qu'un gouvernement étranger, auquel on avait offert de...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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