Extrait du journal

abominablement malsaines. Les produits du pays sont le bois de construction, la cire, la nacre de perle, la biche de mer, poisson dont les Chinois sont très friands; mais tout cela ne donne et ne peut donner lieu qu'à un commerce très misérable. Ce commerce, que ceux qui l'ont fait disent être plus rebutant que la traite, ne se fait que les armes à la main, car la piraterie est la seule in dustrie des gens de Basilàn. Le peu de culture qu'il y a dans l'île se fait par des esclaves de toutes provenances que ces .pirates vont enlever dans tous les pays voisins.. En 1839, une flotte d'une quarantaine de leurs barques armées en guerre, montée par au moins 2,500 combattans, a fait tout le tour de la grande île de Luçon, y enlevant par tout les sujets espagnols, et est rentrée avec une innombrable quantité d'esclaves. Du reste, ces har dis pirates, si braves et si actifs à la mer, si éner giques dans le combat, sont chez eux les plus in dolens des hommes. Là, tout se fait par les bras des femmes et des esclaves ; les guerriers, les ma rins passent dans les plaisirs et les orgies le temps qu'ils n'emploient pas à la mer. Ils y sont tellement adonnés, que le jour pour eux se passe à dormir, et qu'on ne peut les voir avant quatre ou cinq heures du soir, quand ils se sont remis de leurs fatigues et ont cuvé l'opium de la nuit précédente. Ajoutons que, dans ce pays sauvage, on connaît à peine la monnaie, le commerce se fait par échange. La richesse, c'est le nombre des esclaves. En résumé, tous les renseignemens que nous avons reçus, et depuis longtemps, sur ce point, nous portent à croire que les journaux de l'Oppo sition ont exprimé à l'occasion de cette prétendue conquête des inquiétudes fort gratuites, et que les projets d'occupation de l'île de Basilàn n'ont eu d'existence que dans leur imagination....