Extrait du journal

PARIS, 6 MARS. Les ministres n'ont point pris la parole dans la discussion qui s'est ouverte aujourd'hui sur le budget des affaires étrangères. Dès •lors le fait qui la domine n'a pu être abordé que dans de vagues interpellations. L'expédition d'ltalie n'a pris place que pour mé moire , à la suite des généralités dont nous sommes rebattus depuis dix-huit mois sur les questions extérieures. La séance peut y avoir perdu quelque chose en chaleur et en intérêt; mais nous sommes loin de nous en plaindre. On sent que l'assemblée ne craint plus que •la péroraison de ses orateurs soit une demande de subsides. jgDe plus, dans la voie toute parlementaire où la discussion semble être rentrée. on peut froidement apprécier la situation politique du pays. On ne la voit plus à travers les nuages dont les passions l'ont trop long-temps obscurcie. On écoute pour juger, on ne juge plus avant d'avoir entendu. L'orateur le plus passionné de l'Opposition sur les questions de paix et de guerre, M. le général Lamarque lui-même, ne jete plus violemment la France de juillet au delà de ses frontières; iî ne déchire plus les traités, il ne soulève plus l'Europe des peuples contre 1 Europe des rois; il blâme , mais il discute. Il a trouvé pour adversaire un orateur qui l'a suivi, pressé et vaincu sur tous les points. Dans une vive et brillante improvisation , M. Thiers a repris un à un tous les argumens du général Lamarque, et ses paroles portaient avec elles la lumière et la conviction. C'est une chose bizarre ! L'Opposition n'a jamais cessé de pré senter la France comme dépourvue d'alliés par le fait seul de sa révolution ; elle a repoussé l'amitié des Rois, tantôt comme une mystification , tantôt comme une honte ; elle a fait de la base même de notre ordre politique , peut-être du principe de notre Constitu tion , une cause immédiate et permanente d'incompatibilité avec tous les gouvwnemens établis. Aujourd'hui encore il y a eu à la tribune des paroles de regrets et d'alarme sur notre isolement au...