Extrait du journal

Frédégonde avait l’occasion de voir son père selon la chair, plus elle se rapprochait de son Père céleste. Elle élevait vers lui son cœur, et lui adressait matin et soir les plus ardentes prières. Les saintes Ecritures devinrent la nourriture constante de sou âme, et l’image de Jésus, attaché à la croix, fut un baume suave pour son cœur et son esprit. Elle était tout en Dieu. Autour d’elle sa main répandait d’innombrables bienfaits, et sa charité s’attachait à faire disparaître dans les domaines de son père les traces du malheur et les souffrances de l'indi gence. Comme un ange descendu du ciel, on la voyait apparaître sur le seuil de la cabane du pauvre; elle ai mait à essuyer les larmes que l’infortune fait couler; alors sa joie était complète. Tous ceux qui la connais saient adoraient et bénissaient cette pure et angélique créature. Mais tandis qu’elle soulageait en silence les maux d» ses semblables, et qu’elle amassait un trésor de vertus dans son âme, la nature so plaisait, de son eôté, h pro diguer ses dIus précieuses faveurs à la jeune Frédégonde. En grandissant, sa beauté acquit un si haut degré de perfection, que la jeune vierge ressemblait à la rose du printemps, qui, au retour de l’aurore, s’entr’ouvre, et déroule ses pétales odorantes aux rayons d’un soleil matinal. Bientôt aussi le nom de la noble fille vola de bouche en bouche, et la réputation de sa beauté attira de toutes parts uno foule de chevaliers qui aspiraient à l’honneur d’obtenir sa main. Alors aussi le comte parut se rappeler qu’il avait une fille, l’orgueil de sa maison, car il comprit qu’en la ma riant il pourrait se procurer l’appui d’un gendre riche et puissant, et qu’une semblable union répandrait un nouveau lustre sur sa maison. Ce fut donc avec unsen-;...