Extrait du journal
L'organe de la C. G. T., le Peuple, s'occupait récemment d’une revendication qui n’est certes pas nouvelle, mais dont on peut prévoir que, en raison même du trouble qu'elle jettera dans les rapports entre les employeurs et les employés, elle deviendra de plus en plus un des objectifs essentiels de la C.G.T.. Il s'agit de l'introduction du contrôle ouvrier dans le fonctionnement de l’industrie» Le Peuple prend ses précautions. Dans un article publié naguère en tête de ses colonnes, U prophétisait sans peine que « tous les bourgeois, exploiteurs et capitalistes, ennemis déclarés et redoutables de la justice dans le travail, ne manqueront pas de faire entendre des cris de putois lorsque le corps législatif sera appelé à en discuter et en décider ». Au risque de passer pour un « putois » aux yeux de l’organe officiel de la C.G.T., je m’empresse de-déclarer que la prophétie est exacte, mais je me hâte d’ajouter que ces cris défendront en l’espèce les ouvriers beaucoup plus que les patrons, et si la C.G.T., au lieu de poursuivre des fins politiques, aimait les travailleurs pour eux-mêmes, et non pour les profits de démagogie quelle en tire, elle serait à nos côtés pour empêcher l’anarchie de pénétrer à l’atelier et à l’usine sous la forme, larvée d’abord, plus brutale ensuite, de ce qu’on a appelé le « contrôle ouvrier ». S’il est possible à un théoricien, installé dans sa bibliothèque, d’imaginer une entreprise dont la direction devrait discuter avec des délégués syndicaux que le désir de légitimer leurs fonctions ou de se présenter aux élections obligerait évidemment à faire des discours à propos de tout et de rien, il n’y a pas un homme sérieux pour admettre une méthode de travail qui ressemblerait bien vite à celle qu’on emploie dans la Russie soviétique, et si, par malheur, un Parlement assez fou se trouvait pour mettre le doigt dans l’engrenage, les temps seraient proches où les capitaux, refusant de s’employer dans de telles conditions, cesseraient de créer du travail. Tout individu doué de raison, qu’il ail beaucoup d’argent ou qu'il en ail peu — et à plus forte raison s’il en a peu — se gardera bien de l’engager dans une affaire quelconque s’il n’est pas sûr d’être le seul maître de ses méthodes ou s’il n’est pas sûr de la liberté d’agir de celui ou de ceux à qui il consent à confier le fruit de son épargne. Qu’on le veuille ou non, les deux notions de la responsabilité et de l'autorité sont inséparables. Celui qui risque ses capitaux entend être libre de les manier, car il le sait .* les conseilleurs ne sont pas les payeurs, et, quand il aura perdu son avoir, ce ne sont pas les délégués du syndicat cégétiste qui le lui rendront. Plutôt que de courir une aventure, il s’abstiendra et, s’il a déjà une exploitation, il la liquidera et ira vivre de ses rentes à la campagne. Pour faire triompher sa doctrine, qui est basée sur la lutte des classes, la C.G.T. n hésiterait pas à détruire l'industrie. Les travailleurs français ont trop de bon sens pour scier la branche sur laquelle ils sont assis et pour supprimer les salaires en supprimant le travail....
À propos
L’Ami du peuple, édition du soir, est un quotidien français fondé par le parfumeur François Coty. Anti-parlementaire et très éloigné du titre homonyme créé par Marat 140 ans plus tôt, L’Ami du peuple était ouvertement xénophobe, antisémite et nationaliste. Il a été diffusé du 5 novembre 1928 au 7 mai 1933. Tout comme son édition matinale, son très faible coût le destinait aux classes moyennes, et son horaire de publication lui permettait d’inclure les dernières actualités du jour.
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