Extrait du journal
M. ALBERT LEBRUN accepte de laisser poser sa candidature à sa propre succession M. Justin Godart maintient la sienne tandis que M. Fernand Bouisson renoncerait finalement à se présenter M. Damecour, doyen du Sénat, a fuit pari d’un déjeuner avec un de ses honorables collègues de la Haute Assemblée que M. Albert Lebrun obtiendrait à Versailles plus de 600 voix, l’autre gageant qu’il ne dépasserait pas 580. — Le total de mes voix est cinq cent quatre-vingts... On ne saurait dire si M. Albert Lebrun, ayant fait son lit à la place ordinaire — qu’il accepte finalement de garder — a rêvé cette nuit d’une échelle de Jacob faite de bulletins Ni s’il a reconnu, sur l’un des degrés, M. Daladier sous les traits d’un archange attendant le relais. D’autres auront eu dans le même temps, à défaut de cauchemars, un sommeil agité. En effet, la note de midi annonçant que M Albert Lebrun « laisserait ses amis poser sa candidature » a produit à certains l’effet de ce bruit des nuées qu’on attend après l éclair, et qui provoque une tardive mais irrésistible crispation; en parlant d'éclair, nous ne faisons d'ailleurs pas allusion au discours de Montélimar, patrie du nougat. M. Portmann, sénateur de la Gironde et vice-président de l’Alliance démocratique, apportait, l’après-midi, dans les couloirs de la Chambre, ce tableau de la salle dès Conférences du Sénat ; « Laval est à cran, accuse Daladier et Flandin de collusion, discute une heure et conclut : « Vous n’y comprenez rien... » Caillaux n’est pas plus apaisé et Lémery déclare, à qui veut l’entendre : « Je voterai pour n’importe qui, sauf Lebrun... » — Tout cela n’est pas très chaleureux.. — En apparence. Il n’y a là pour donner le ton que les « opposants »... Si là-dessus on poussait les questions pour savoir ce qu’on reprochait à M. Albert Lebrun, on tombait dans le sortilège (dans les circonstances difficiles, il faut des gens qui ont le bon œil l) Vaudou au Sénat : voilà qui était inattendu ! Ou bien c’est l’argument psychologique qui ressortait et celui-ci appa raissait plus sérieux. „ — Le Président a attendu le dernier moment pour sc décider. Entre temps, des candidats s’étaient mis en ligne, des hommes importants avaient pris parti. Autant de déceptions, d’énervements, et davantage, peut-être, chez les « parrains » que chez les postulants... » , Voilà pour le Luxembourg où tapis et tentures invitent a feutrer le fait politique de considérations plus cm moins mondaines. Au Palais-Bourbon, c’est sur la dalle nue. entre les murs dépouillés que ce fait politique, précisément, rebondit et résonne. Ce qu’on murmure au Sénat, on le lance ici à voix haute : Pierre-Louis Falaize. [VOIR LA SUITE EN QUATRIEME PAGE!...
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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