Extrait du journal

tures. Elle lui donne son blé, ses pommes de terre, ses légumes, son bois, son vin, ses lapins et ses pou les. Chez nous, le propriétaire même n'est pas gâté par ses fer miers qui donnent peu d'argent ; mais s'il s'est réservé quelques re devances et s'il vit dans sa maison des champs, l'existence qu'il mène est à bon marché. Le paysan n'est perdu que s'il doit prendre avec lui des ouvriers agricoles. Alors, il lui faut sortir et trouver trop d'argent. Et là même apparaît ce qui com plète la mystique de la terre. Elle est faite pour la famille, elle est liée à la famille, elle exige des en fants. L'enfant est plus facile à élever à la campagne qu'à la ville, dans les prairies que dans les rues. Les bêtes sont moins malfaisantes que les hommes. On voit de tout petits bergers mener aisément le troupeau et même y déployer une énergie qui annonce leur future au torité. Les santés se fortifient plus aisément au grand air. Ainsi, le problème de notre dé population est-il lié chez nous au sort de la terre. A l'Académie, la plupart de nos prix de familles nombreuses sont mérités par des paysans. Toujours ceux-ci donnent l'exemple. Cependant, ne Savonsnous pas que nombre de nos dépar tements aujourd'hui manquent de main-d'œuvre agricole? Qu'un pays comme la France- voie se poser un tel problème, c'est une véritable honte. La première politique qui s'impose à notre pays, c'est la po litique de la terre et de la famille. Elle a fait la force de l'ancienne France. Elle seule fera la force de la France d'aujourd'hui. Au lieu de nous agiter dans des querelles de partis que personne ne comprend plus, il nous faut revenir à une doctrine de durée. Un pays ne dure que par l'enracinement des géné rations sur le même sol. Et voilà pourquoi je regrette que le candidat de la terre n'ait pas été élu. HENRY BORDEAUX, , . de l'Académie-française....