Extrait du journal
^ille et Département : I an, 20 fr.; 6 mois, 12 frJ lors du département: I an, 2 ♦ fr.; 6 mois, 14 ir.^ EMPORTEZ VOS BAGAGES, M. BLUM ! par Pierre TAITTINGER, Député de Paris a Radio officielle veut bien faire écho à la campagne de salubrité publique entreprise dans nos colonnes. Ce journal cité, commenté longuement et favorablement à la T. S. F.: il y a, en vérité, quelque chose de changé en France ! Le professeur Gassin a été révoqué, nombre de fonctionnaires, anciens piliers d’anti chambres ministérielles, sont montés dans les premières charrettes. Le Gouvernement ne doit pas s’arrêter dans la voie où il s’est engagé, il est souhaitable que l’épuration continue... jusqu’au bout. M. Rlum, nous dit-on, vogue vers d’autres continents, nous ne pouvons que nous en réjouir, mais notre satisfaction serait complète si tous les bagages qu’il a laissé derrière lui pouvaient le suivre dans la croisière qu’if a entreprise. La Magistrature, les Administrations sont peuplees de ses créatures. Une révision impitoyaple doit être faite, de toutes les mutations et promotions effectuées à titre politique pendant ces dernières années. Un certain nombre de collaborateurs de M. Daladier ont été mis à pied, c’était peut-être néces saire, mais il serait beaucoup plus urgent de remonter plus loin que 1938. Je connais, dans des petites villes de province, des magistrats qui ont passé leur existence à rendre des arrêts, et non des services. Vient-on à citer leur nom au ministère de la justice, on prend un ton mystérieux pour vous dire « qu’ils ont eu des histoires... » Ne \ous effrayez pas trop vite : en fait d’histoires, le reproche qui leur est adressé, bien souvent, est d’avoir manqué de souplesse, de s’être montrés rebelles à certaines injonctions téléphoniques du ministère, Vuire même d’avoir refusé de mettre les foudres qui étaient entre leurs mains au service des forces occultes. C’est le péché ori ginel qui pèsera sur leur existence, et qui leur lermera toutes perspectives d avancement, ou d’avenir 1 Il faut que cela cesse, que les injustices soient réparées, que de honteuses promotions au choix, sur l’inlluence des Loges, soient rapportées. Qu’attend-on pour mettre à la retraite anticipée et proportionnelle les créatures de MM. Blum, Vincent Auriol et Rucart, que rien ne désignait pour les postes enviables où ils ont été installés ? Qu’attend-on pour chasser du Conseil d’Etat un Délepine, avocat sans talent, candidat sans succès à de multiples élections, conseiller intime de M. Léon Blum, et défenseur habituel du journal Le Populaire ? M. Délepine a été, à un moment donné, directeur du Cabinet du Garde des Sceaux I Ce phénomène ahurissant doté d’une barbe de -prophète, dictait aux magistrats leur devoir. Il était l’homme d’exécution de la « harka » au pouvoir, et chaque fois qu’il s’agissait d’atteindre, sous une forme ou sous une autre, un adversaire politique, il avait recours, non seulement aux consignes ver bales, mais également aux injonctions écrites ! , , , Il est vraiment bizarre .que puisse siéger dans la plus vendable de nos institutions, le Conseil d’Etat, un adversaire né de l’ordre français, un apôtre convaincu du chambardement général ! L’homme des meetings socialistes", celui qui intervenait en faveur de tous les hébreux révolu tionnaires, qu’ils fussent anti-nazis allemands, anti-fascistes italiens révolutionnaires espagnols, agitateurs tchèques. M. Délepine, colis abandonné par M. Léon Blum, doit être rendu à son Patron. Qu’on l’expédie à la Havane ou ailleurs, en port dû, et sans emballage, bien entendu. Bien souvent, on a cherché l’origine ou mal dont souffre la France. On la trouvera principale ment dans les méfaits qui ont été accomplis dans le passé par des magistrats qui ont jeté sur la magistrature un diserédit que celle ci ne méritait pas ! Doux aux gréviculteurs notoires, attentifs aux débiteurs de mauvaise foi, pourvu qu’ils fussent bien en cour, les magistrats francs-maçons étaient hargneux à l’égard de tout ce qu’il y avait de propre et de sain dans notre pays. Il fallait les voir se courber devant les puissants, allant au devant des désirs du Gouvernement, toujours prêts, ces chevaliers du triangle, à adorer le Soleil levant. Ces magistrats, par leur façon de faire, de Thérèse Humbert à Staviski, ont amené la démorali sation de la France : il faut effacer jusqu’au souvenir de leurs méfaits. Veut on saisir, sur le plan judiciaire, la façon de procéder de nos anciens maîtres, de ceux dont on pourra suivre la trace, comme on suit celle des serpents venimeux à la traînée de bave laissée der rière eux ? • Un de nos meilleurs hommes d’Etat, François-Marsal, qui avait eu le courage de dénoncer la malfaisance de la Maçonnerie, avait attiré sur sa tête de multiples colères. François-Marsal, au dire de ses détracteurs, avait le tort de s’occuper de nombreuses affaires. Grand spécialiste en matière monétaire, il avait démontré, à la tribune du Sénat, l’indignité des grands financiers du Cartel des gauches. Des hommes qui, en raison de leur malfaisance, ou de leui incompétence, auraient dû aller logiquement au bagne, résolurent d’envoyer en prison ce gêneur qui connaissait trop bien les questions budgétaires. , Utilisant un homme de paille, — n’ayant pu trouver un véritable plaignant, — sans se soucier de porter atteinte à une de nos plus florissantes entreprises coloniales, la maffia s’efforça de jeter bas François-Marsal, en montant contre lui un procès où l’inique le disputait à l’odieux. L’accusation aurait dû s’écrouler d’elle-même, aucun dommage n’ayant été éominis, et la plai gnant fantôme s’étant même volatilisé I Mais des instructions sévères étaient données au Parquet pour poursuivre jusqu’au bout une action qui, en réalité, ne servait aucun intérêt respectable. Répétons-le, il n’y avait eu ni dupes, encore moins de victimes, et pas même de plaignant I Mais il fallait venger les blessures d’amour-propre de certains politiciens haut placés, il fallait surtout exé cuter le désir de la Maçonnerie, et au grand jour de l’audience, une condamnation dont on connaissait par avance la sévérité était prononcée. Le Président qui donna lecture de l’arrêt avait, la veille, une boutonnière vide de décoration. Le jour où le jugement odieux était rendu, son auteur étant sans doute incapable de rougir lui-même, un miracle laïque conduisit sa boutonnière à se substituer à son front... Etrange abus, en vérité, de la Légion d’honneur que celui qui consistait à récompenser sans plus attendre de pareils services I Mais on voudrait savoir si cet homme qui avait substitué à la Magis trature assise, et à la Magistrature debout, la Magistrature couchée, se Irouve encore appelé à rendre la « justice »... * # t Nous pourrions multiplier les exemples, mais ils se pressent trop nombreux dans nos souvenirs. Lorsque la justice déserte les prétoires, c’est le sentiment de l’honneur qui disparaît en même temps. Un pays sans honneur est mur pour la servitude. Notre éminent Garde des Sceaux, M. Alibert, qui est à la fois un homme de caractère, et un homme de talent, se doit de chasser les indésirables de la Magistrature, et d’y introduire d’autres mœurs. En remettant en place le Christ, qui n’aurait jamais dû quitter les salles d’audience, il redon nera au serment sa valeur, et aux jugements leur sérénité. N’oublions pas qu’en assurant l’indépendance de la Magistrature, et en lui donnant non seule ment un rôle de répression, mais en même temps un rôle de moralisation, nous contribuerons au maintien de l’ordre public, et au relèvement de la France....
À propos
Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.
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