Extrait du journal

A. Lalance publie ses Mémoires dans la Revue de Paris et M. Lavisse Les présente au public en une préface éloquente. Il est du plus haut intérêt pour les hommes de bonne foi de tous les partis, de savoir quelle est la penSëe exacte des Alsaciens les plus éminents, les plus représentatifs, sur l'avenir de leur pays. Et pour nous renseigner, nul n'est plus qualifié que M. Lalance, Alsacien de Mulhouse, député protestataire des temps héroïques. Or, c'est un fait qui pourra remplir de stupeur nos 1s nationalistes échauffés, Le langage de M. Lalance ressemble terriblement à celui des socialistes des deux côtés des Vosges. Il commence par écarter avec force toute idée de guerre. « Il n'appelle pas la revanche par les armes ». Il manifeste énergiquement l'horreur que lui inspire la perspective d'un nouveau conflit l'idée seule des larmes et du sang à nouveau répandus lui est odieuse. Car cette boucherie ne serait pas seulement un outrage à l'humanité elle Serait au plus haut degré inutile elle ne résoudrait rwn le vaincu, quel qu'il. soit,, devant par la suite ne songer qu'à sa revanche. M. Lalance va plus loin. Il ne se contente pas de formuler avec vigueur son vif désir de paix il veut que l'on fasse dans l'un et l'autre pays. tous les efforts possibles pour éloigner toute raison de conflit. Son but dernier, à lui Alsacien, c'est la réconciliation de V Allemagne et de la France, qui déterminera l'union des peuples de l'Europe entière. Et c'est alors seulement, pense l'illustre protestataire, que le problème de l'Alsace pourra se résoudre. Il reprend le mot fameux de Gambetta que « l'Alsace nous reviendra par la paix » et il apparaît bien, aux yeux des moins clairvoyante, qu'il n'y ait pas désormais a autre solution à l'angoissant, problème....