Extrait du journal

* cultes, j'ai, quant à moi, observé avec la ponctualité la plus stricte le Concordat dans sa lettre et dans son esprit. Je l’ai dit un jour au Sénat, et je puis le redire encore : qu’on me montre la moindre stipulation du Concordat violée par moi. Tandis qu’on ne pourrait m’opposer aucun manquement â ce traité, [l’Eglise ne cesse d’y contrevenir. Pie IX et Antonelli avaient déjà émis cette théorie que le Concordat n’est pas un traité bilatéral, mais bien une concession de la papauté, et que ce pouvoir qui l’a octroyé sous la pression des circonstances, peut en tout temps revenir sur cette concession comme bon lui semble. Cette théorie paraît en crédit à Rome depuis que la France a osé faire usage de sa prérogative législative en réglant l’existence des congrégations comme il est nécessaire dans les conditions civiles et sociales d’une grande démocratie. La résistance aux nominations d’évêques est maintenant à Rome un principe. Tous les candidats que j’ai indiqués au nonce oni été rejetés sans indication 4e jmotifs, de sorte que huit sièges épiscopaux sont vacants. C’est une violation de la lettre et du sens du Concordat... Avec ce Con cordat l’Etat est livré sans défense 4 l’Eglise. — Alors la séparation est proche ? — Je la tiens maintenant pour inévi table. L’idée de la séparation de l’Eglise et de l’Etat a fait depuis deux ans des progrès énormes, et moi-même, qui, comme on sait, n’en étais pas partisan au début, j’ai dû m’en accommoder. Je crois que le projet Briand est une excellente base pour la solution législative du pro blème de la séparation ; je voudrais seule ment que quelques dispositions fussent formulées dans ua sens plus large et plus libre. J’espère que ce projet, avec la forme que je veux lui donner, aura une majorité dans la Chambre. Quant au mo ment où il sera mis en discussion, on ne peut, il est vrai, le fixer avec précision. Le gouvernement s’est engagé à mettre le projet d’impôt sur le revenu à l’ordre du jour de la Chambre dès sa rentrée en automne, et il tiendra absolument sa promesse. Puis viendra la discussion du budget : après, nous verrons. J’espère que la Chambre adoptera mon point de vue. —- Alors, Monsieur le président du Conseil, tous les bruits sur votre désir de repos et de retraite sont inexacts. — Vous pouvez les démentir avec assu rance. Si la Chambre ne me renvoie pas, j’ai déjà eu contre moi tous les ministres du cabinet Waldeck-Rousseau, et ceuxlà étaient les plus dangereux de mes...